Bertelsmann voulait maigrir pour mieux grandir. Allégé par plusieurs années de restructuration, le numéro quatre mondial des médias, propriétaire de M6, se met maintenant en quête de cibles, pour s'acquitter de la deuxième partie de l'équation.
"Bertelsmann est prêt à investir", a annoncé mardi le patron de la société, Hartmut Ostrowski, faisant savoir qu'une "part significative" des moyens à sa disposition pouvait servir à financer la croissance externe. Et d'évoquer un ordre de grandeur d'un milliard d'euros.
Les cibles de Bertelsmann, propriétaire du numéro un européen de l'audiovisuel RTL, des éditeurs Gruner+Jahr (Prisma Presse) et Random House, ou encore du groupe de services Arvato, sont encore assez vagues. M. Ostrowski s'intéresse à "de nouveaux marchés et de nouveaux secteurs".
Et de citer en vrac l'information professionnelle, les services dans le domaine de la santé, l'éducation. Le groupe vient également d'ouvrir un bureau en Inde, un marché qu'il veut "exploiter de manière systématique" dans les années à venir, selon son directeur financier Thomas Rabe.
Il fait aussi depuis peu son retour dans la musique, par la porte des droits musicaux, et dans ce segment certains actifs des maisons de disque Warner et EMI pourraient l'intéresser.
Des acquisitions paraissent incontournables si le groupe, non coté et toujours basé dans la petite ville de Gutersloh (ouest) où il a été fondé il y a 176 ans, veut faire partie des "plus dynamiques parmi les grands" du secteur, objectif affiché par M. Ostrowski.
Pour l'instant c'est en effet surtout la première partie de la stratégie "shrink to grow" ("rétrécir pour grandir") qui a été réalisée.
La cure d'amaigrissement du groupe l'a vu se séparer de sa maison de disques BMG, de plusieurs de ses clubs de livres et de disques (Amérique du Nord, Portugal), de la chaîne de télévision britannique Five. France Loisirs, le club de livres en langue française, doit également être vendu, des négociations exclusives sont en cours à cet effet avec le fonds américain Najafi.
Bertelsmann a également fortement réduit sa dette, gonflée par le rachat d'une part de 25% de son capital à l'investisseur belge Albert Frère en 2006. "Nous n'avons plus de problème d'endettement", a d'ailleurs affirmé M. Rabe, qui espère que cela se traduira par une amélioration des notes attribuées par les agences de notation.
Mais tous ces efforts ne paient pas encore en termes de croissance. Pour l'an prochain, Bertelsmann attend un petit plus au niveau du chiffre d'affaires, de l'ordre de 2% à 3%, et un bénéfice d'exploitation (Ebit) stable.
"Les effets de rattrapage après la crise se sont manifestés en 2010, on revient maintenant à un rythme normal", a expliqué M. Rabe.
Et "normal" veut dire contenu, au vu d'une situation économique incertaine sur plusieurs marchés, notamment en Espagne où Bertelsmann est assez présent, à cause d'une hausse du prix du papier et des frais de personnel.
Il y a deux ans, M. Ostrowski avait dû abandonner d'ambitieux objectifs de croissance à moyen terme. Le groupe voulait entre autres atteindre 30 milliards d'euros de chiffre d'affaires à l'HORIZON 2015. Il a terminé 2010 à peu près à la moitié, à 15,8 milliards d'euros. Plus de 10 milliards d'euros de moins que le géant américain du secteur Walt Disney.
En 2010 comme les années précédentes c'est RTL Group, propriétaire de la radio RTL et de M6 en France, qui a constitué la part du lion des bénéfices de Bertelsmann. Le bénéfice d'exploitation Ebit du groupe est ressorti à 1,50 milliard d'euros, et le bénéfice net part du groupe à 478 millions d'euros.