Le conseil d'administration de La Poste a autorisé mercredi la modification du statut de l'entreprise en repoussant l'âge limite du président de 65 à 68 ans, afin de permettre à l'actuel dirigeant Jean-Paul Bailly, 64 ans, de poursuivre son mandat, selon des administrateurs.
A la tête du groupe depuis 2002, M. Bailly a été reconduit en décembre dernier pour un mandat de cinq ans.
Un problème d'âge s'était alors posé, car les statuts de La Poste, tout comme la loi, fixent à 65 ans la limite d'âge pour tous les dirigeants de groupes publics.
Dans un communiqué, les administrateurs du syndicat CGT ont indiqué que Jean-Paul Bailly avait "saisi l'opportunité du conseil d'administration pour modifier l'article 14 sur l'âge du président qui lui permet dorénavant de poursuivre son mandat jusqu'à 68 ans".
D'autres administrateurs, contactés par l'AFP, ont confirmé cette décision.
La direction de La Poste a pour sa part déclaré à l'AFP que le conseil d'administration avait "voté, sur proposition de l'Etat, le fait de présenter la modification" sur l'âge limite "à l'occasion de l'assemblée générale des actionnaires" le 7 avril.
Selon le communiqué de la CGT, la rémunération de base de M. Bailly "restera inchangée par rapport à 2010, par contre une part variable importante sera liée aux résultats de l'entreprise donc à la productivité des postiers".
"Cela revêt un caractère indécent au regard de l'absence d'augmentation des salaires des postiers qu'ils soient fonctionnaires et contractuels, et des seuls 245 euros bruts d'intéressement qui leurs seront octroyés alors que La Poste vient de réaliser 550 millions d'euros de bénéfices", a déploré le syndicat.
La Poste a tenu à rappeler qu'un accord salarial avait été signé fin décembre, avec quatre syndicats (CFDT, CFTC, FO et CGC), prévoyant pour les salariés de droit commun et non-cadres deux augmentations générales de salaires en 2011, l'une de 0,6% au 1er avril et l'autre de 1,2% au 1er septembre.
La Poste est un établissement contrôlé à 100% par les pouvoirs publics.
Le conseil d'administration a également acté l'arrivée de trois représentants de la Caisse des dépôts et consignations (CDC), dans le cadre de l'augmentation de capital, qui sera également validée lors de l'assemblée générale des actionnaires.
L'augmentation de capital doit permettre à La Poste de financer son développement et de faire face à l'ouverture totale du marché du courrier à la concurrence en Europe, intervenue le 1er janvier 2011, et l'aider à se transformer alors que les volumes de courrier ne cessent de fondre.
La CDC prendra 26,3% du capital en contrepartie de l'injection de 1,5 milliard d'euros. L'Etat, qui est aujourd'hui seul actionnaire de La Poste, apportera de son côté 1,2 milliard.