(AOF / Funds) - "Après une belle performance des pays périphériques en janvier, février a été un mois plus balancé en termes de performance. Ainsi, le 10 ans espagnol, après s'être resserré de 50 points contre l'Allemagne en janvier, s'est légèrement réécarté de près de 20 points. Sur le moyen terme, les marchés sont toutefois dans une nouvelle dynamique par rapport à 2010. Même si la volatilité persiste, les inquiétudes d'illiquidité pour les grands pays du sud et le risque de contagion se sont clairement atténués", note Dexia AM.
"Trois points expliquent ce retournement de tendance. En premier lieu, les inquiétudes de début d'année portant sur les émissions primaires se sont dissipées. Le succès de ces émissions primaires (espagnoles) a démontré qu'en dépit d'une certaine fragilité, ces pays pouvaient se financer dans le marché à des taux raisonnables. C'est donc une partie de la prime d'illiquidité qui semblait exagérée."
"Le deuxième point concerne les acheteurs de dettes périphériques et l'apparition d'acheteurs asiatiques (japonais et chinois). Cette diversification géographique via les émissions primaires est la marque d'une réelle confiance envers l'Europe. Ainsi, le succès de la première émission EFSF a démontré que lorsque l'Europe était unie, elle était plus forte. Le dernier point concerne les évolutions positives sur le plan politique. La mise en place de l'EFSF et son succès auprès des marchés a renforcé la position des pro-eurobonds. Peu à peu, l'idée d'une extension de l'EFSF et de son rôle (capacité d'achat) a fait son chemin."
"Rien n'est aujourd'hui acquis, mais les outils sont désormais connus pour résoudre la crise. Il ne reste plus qu'à s'accorder sur leur emploi. Dans ce contexte, le marché attend désormais un signal fort du sommet européen de mars et le risque de déception alimente le retour de la volatilité. Les autorités politiques doivent trouver un cadre légal pour un mécanisme de solidarité durable sans favoriser l'aléa moral de récompenser les cigales. Le cas grec reste ainsi problématique et le risque d'une restructuration toujours présent. Enfin, plus spécifiquement, le Portugal est sous la pression des marchés avec un taux nettement en hausse, ce qui pourrait l'obliger à recourir à une aide extérieure, une fois le mécanisme clarifié."
"Si la Banque centrale européenne reste garante de la stabilité financière de la zone euro, son plus grand risque est devenu toutefois le risque inflationniste. Avec un indice HICP à 2,3% et des chiffres de croissance en hausse, le risque d'un dérapage inflationniste pourrait obliger à une normalisation monétaire. La BCE modifie donc peu à peu le focus de son discours en mettant en avant les risques à court terme de tension inflationniste et les craintes d'effet de second tour après le rebond des prix du pétrole. Le rendez-vous de mars est là encore crucial."
"La pression est donc devenue grande sur les autorités politiques qui doivent trouver une solution pour les dettes européennes, alors que la BCE pourrait revenir à ses premiers amours de vigilance sur l'inflation.