Sur la planète Finance, Londres ou Genève sont servies par leur fiscalité attractive, Hong Kong surfe sur la croissance asiatique, et Paris suit un lent déclin, malgré ses tentatives pour s'accrocher au train des pays émergents.
La tendance devrait encore s'accentuer avec le mariage annoncé entre NYSE Euronext et Deutsche Börse pour donner naissance au plus grand opérateur boursier mondial, qui possédera deux sièges, à New York et Francfort.
"La Bourse de Paris aura moins son mot à dire dans le nouvel ensemble, ce qui pose une question inquiétante: que reste-t-il de la puissance de frappe de la place financière parisienne au niveau mondial ?", s'interroge Christian Parisot, économiste chez Aurel.
Dans ce combat, engagé entre les différents pôles financiers de la planète, le premier sang a coulé lors du rachat en 2007 d'Euronext (Paris, Amsterdam, Bruxelles, et Lisbonne) par le New York Stock Exchange (NYSE).
Depuis, "le centre de décision n?a jamais été à Paris, mais à New York, malgré les dénégations des dirigeants", explique sur son blog Georges Ugeux, ancien vice-président de la Bourse de New York.
Paris, qui reste toute de même la quatrième place financière mondiale derrière New-York, Londres et Tokyo, accumule plusieurs handicaps.
"Du point de vue de la fiscalité, nous restons moins attractifs que des villes comme Londres ou Genève, ce qui explique le départ de nombreux de NOS talentueux traders", souligne M. Parisot.
"Les discours véhéments contre les bonus (...) n?ont certainement pas provoqué un appétit irrésistible pour la place parisienne", commente de son côté M. Ugeux.
Qui plus est, "la France est en retard en matière d?infrastructures de télécommunications et d?informatique", ajoute l'ancien vice-président.
Paris bénéficie du fait que les centres de décision de très grandes banques telles que BNP Paribas et Société Générale, du leader mondial de l?assurance Axa et d'institutions financières importantes (AGF, Crédit Agricole...) restent dans la capitale.
Mais, "depuis la crise, Londres est encore plus incontournable pour les banques d?investissement, entre autres parce que la majorité des hedge funds (fonds spéculatifs) y sont basés", analyse Vally Colli, associée au sein du cabinet de recrutement Vendôme Associés.
De même, pour certaines stars du CAC 40 qui réalisent une partie importante de leurs bénéfices à l'étranger, "une cotation hors de France, aux Etats-Unis ou en Asie, serait logique en termes de valorisation boursière", estime M. Parisot qui ajoute que "les freins politiques à de telles délocalisations restent importants".
Certains économistes souhaitent également que l'activité "trading" soit entièrement délocalisée à Londres.
"La majorité des salles de marché s'y trouvent déjà. Il serait pertinent d'y concentrer l'ensemble des moyens humains et informatiques, cela faciliterait notamment le contrôle des traders", souligne M. Parisot.
Un discours que refuse Paris Europlace qui assure la promotion de la place financière tricolore.
"Nous nous battons pour que les métiers restent à Paris et nous nous sommes fixés une stratégie offensive pour développer notamment les marchés de taux euro et la finance durable", souligne Arnaud de Bresson, délégué général de l'organisme.
"Nous avons aussi des accords de coopération avec Moscou et Shangaï pour attirer les investisseurs de ces pays et l?implantation de leurs établissements bancaires", ajoute-t-il.
Dernier exemple en date: la banque chinoise Industrial and Commercial Bank of China (ICBC) a inauguré en janvier sa première succursale à Paris.
"C'est en se rapprochant de ces marchés émergents que Paris parviendra à rester très compétitive", selon M. de Bresson.