La Poste française a présenté jeudi des résultats 2010 en progrès, portés par ses activités bancaires et la distribution de colis, mais le déclin du courrier, son coeur de métier, va l'amener à poursuivre cette année la cure d'amaigrissement de ses effectifs.
Le groupe reste prudent sur ses objectifs financiers 2011, en raison de la "conjoncture fragile". Du côté des effectifs, il anticipe en revanche environ 10.000 nouveaux départs, dont seulement un quart sera remplacé.
En 2010, La Poste a réalisé un bénéfice net 2010 en hausse de 3,5% à 550 millions d'euros, tandis que son chiffre d'affaires s'est élevé à 20,9 milliards d'euros, en hausse de 2% sur un an.
Le président du groupe Jean-Paul Bailly s'est félicité de "résultats en progression" et de la "solidité de la structure financière", lors d'une conférence de presse.
Il a notamment salué "le meilleur excédent brut d'exploitation jamais atteint par La Poste", qui s'est élevé à 2 milliards d'euros, en hausse de 9% par rapport à 2009.
Le courrier, coeur du métier de La Poste, a une nouvelle fois vu le volume de ses échanges baisser, avec un repli de 3,5% (après une diminution de 5% en 2009). Le groupe prévoit pour 2011 un nouveau recul de 4% de ce trafic.
Dans les détails, le courrier des particuliers a diminué l'an passé de 6,7%, celui de la presse de 4%, tandis que le courrier publicitaire et le trafic lettre recommandée ont perdu 0,8%.
"La révolution numérique s'est imposée, porteuse d'opportunités mais aussi de menaces quant à la façon dont elle affecte de manière significative le volume du courrier", a résumé M. Bailly, arguant du "devoir pour l'entreprise de s'adapter".
Le secteur colis/express affiche quant à lui un chiffre d'affaires de 4,8 milliards d'euros, en progression de 6,3% sur un an.
De son côté, la Banque postale a réalisé en 2010 un produit net bancaire (PNB, équivalent du chiffre d'affaires) consolidé de 5,2 milliards d'euros, en hausse de 3,9% sur un an.
"Ce PNB est largement porté par les encours: les épargnants hésitent beaucoup concernant leurs placements et mettent donc beaucoup d'argent dans des comptes à vue", a indiqué Bernard Delpit, directeur financier de La Poste.
Concernant les perspectives pour 2011, "la conjoncture reste fragile et incertaine, notre objectif est la stabilisation du chiffre d'affaires et une progression du développement commercial de la banque", a souligné Jean-Paul Bailly.
Le groupe prévoit ainsi une augmentation de 3% de la marge opérationnelle, "légèremment en retrait par rapport à 2010", a-t-il précisé.
Du côté des effectifs, le syndicat SUD-PTT avait indiqué à l'AFP jeudi matin que le groupe avait supprimé 11.694 emplois en 2010.
"Ce chiffre est celui qui figure dans le rapport de gestion présenté au conseil d'administration ce matin, donc c'est effectivement le chiffre exact", a confirmé George Lefebvre, délégué général du groupe au cours de la conférence de presse.
M. Lefebvre a ensuite déclaré à l'AFP que 2010 avait été "un peu exceptionnelle" concernant les départs de salariés. Il a précisé que le groupe prévoyait "à peu près 10.000 départs" en 2011 "sauf surprise", avec un taux de remplacement d'un emploi sur quatre.
Pour La Poste, l'année 2011 sera essentiellement marquée par la mise en oeuvre de l'augmentation de capital - qui débutera en avril - et au cours de laquelle la Caisse des dépôts et consignation doit prendre 26,3% de son capital en contrepartie de l'injection de 1,5 milliard d'euros.
L'Etat français, qui est aujourd'hui seul actionnaire de La Poste, apportera de son côté 1,2 milliard.