La banque britannique HSBC a plus que doublé ses profits l'an dernier, grâce à une chute de ses provisions pour risques de crédit, des performances qui, bien qu'elles aient déçu les investisseurs, confirment le rétablissement global des établissements de la City.
HSBC, qui est l'un des plus grands groupes bancaires du monde, a engrangé un bénéfice net de 13,2 milliards de dollars en 2010, contre 5,8 milliards l'année précédente, pour un produit net bancaire (équivalent du chiffre d'affaires) en hausse de 3,1% à 68,3 milliards.
Cette envolée spectaculaire des bénéfices s'explique par l'effondrement des charges pour dépréciations pour risques de crédit, qui ont diminué de moitié, à 14 milliards.
Elles sont ainsi tombées à leur plus bas niveau depuis 2006, c'est-à-dire avant l'éclatement de la crise des "subprime" (prêts immobiliers hypothécaires risqués) aux Etats-Unis.
Les résultats de la banque avaient été fortement plombés ces dernières années par une montagne de créances "toxiques" aux Etats-Unis, qui l'avaient obligée à engloutir des dizaines de milliards de dollars sous forme de provisions.
HSBC est cependant restée bénéficiaire tout au long de la crise financière, et n'a pas eu recours à des injections de capitaux publics, contrairement à ses compatriotes RBS et LBG, qui ont toutes deux été partiellement nationalisées après la chute de Lehman Brothers en septembre 2008.
Les résultats de HSBC ont toutefois été mal accueillis par les investisseurs, qui s'attendaient à des chiffres encore meilleurs. Vers 11H30 GMT, l'action HSBC chutait de 4,43% à 679,6 pence, signant l'une des plus fortes baisses dans un marché londonien en repli de 0,46%.
Comme le relevait Bruce Packard, analyste chez Seymour Pierce, le bénéfice imposable de HSBC est ressorti à 19 milliards de dollars, alors que les investisseurs tablaient sur 19,8 milliards de dollars.
De plus, la Bourse s'est inquiétée d'une révision à la baisse des prévisions de rentabilité du groupe : HSBC n'attend plus qu'un rendement sur fonds propres compris entre 12 et 15% par an, contre 15 à 18% précédemment, en raison du durcissement des exigences de fonds propres qui découle des règles de Bâle III.
"Tant les performances que les prévisions sont ressorties en-dessous des attentes des investisseurs", a résumé Richard Hunter, de la maison de courtage Hargreaves Lansdown.
Cependant, au-delà de cette déception, il souligne que HSBC, banque universelle par excellence, "reste parmi les mieux placées en termes de répartition de ses activités et de diversification géographique, et a su maîtriser son destin tout au long de la crise financière".
Ces résultats confirment le rétablissement global du secteur bancaire britannique, qui continue toutefois d'évoluer à deux vitesses : d'un côté, le trio de banques 100% privées formé par HSBC, Barclays et Standard Chartered, affiche à nouveau des bénéfices spectaculaires, tandis que les comptes des deux banques secourues par l'Etat, RBS et LBG, sont loin d'être complètement rétablis.
Barclays a vu son bénéfice net gonfler de 36% l'an dernier, à 3,56 milliards de livres, et la banque focalisée sur les pays émergents Standard Chartered, qui terminera mardi la saison des résultats annuels dans la City, table sur de nouvelles performances record.
A l'inverse, RBS reste toujours dans le rouge, même si elle a divisé ses pertes par trois l'an dernier, à 1,125 milliard de livres, tandis que LBG a annoncé son retour à la rentabilité, avec un bénéfice imposable de 2,2 milliards en 2010, ce qui la laisse malgré tout à la traîne de ses rivales 100% privées.