Les tensions géopolitiques en Libye et la flambée des prix du pétrole qu'elles ont provoquée ont poussé à la correction la Bourse de New York, qui doit affronter d'importants indicateurs la semaine prochaine, en particulier le rapport mensuel sur l'emploi.
Sur la semaine écoulée, l'indice Dow Jones a abandonné 2,10% à 12.130,45 points, un "repli sain et tardif", selon Marc Pado, de Cantor Fitzgerald, après onze progressions hebdomadaires en douze semaines.
Le Nasdaq, à dominante technologique, a lâché 1,87% à 2.781,05 points et l'indice élargi Standard and Poor's 500 1,72% à 1.319,88 points.
Longuement attendue après une ascension quasi ininterrompue, la correction du marché a été soudaine, sur fond de violences accrues dans le monde arabe soumis à des manifestations sans précédent contre les régimes autoritaires, et en particulier en Libye, un important producteur de pétrole.
"La Libye, et la hausse des prix du pétrole, se sont révélés comme catalyseur pour pousser le marché à empocher des bénéfices", explique Marc Pado.
Les indices se sont repliés alors que le baril de brut s'envolait, jusqu'à plus de 103 dollars jeudi à New York -- et près de 120 dollars pour le baril de brent à Londres, pour une économie américaine très sensible aux prix de l'énergie.
Vendredi, le relâchement de la pression sur le marché pétrolier a soutenu un modeste rebond (+0,51% pour le Dow Jones).
"Néanmoins, on peut trouver un peu de réconfort dans le fait que les investisseurs continuent d'acheter au moindre repli. Même face à des risques géopolitiques plutôt extrêmes au Moyen-Orient et en Afrique du nord, il semble que les investisseurs soient prêts à intervenir et faire travailler leur argent", note Gina Martin, de Wells Fargo Securities.
Le marché se préparait à la semaine la plus importante du mois en terme d'indicateurs économiques, avec la publication de deux indices ISM sur l'activité manufacturière et les services mardi et jeudi, ainsi que le toujours très attendu rapport mensuel sur l'emploi en fin de semaine.
Portant sur le mois de février, ce sont les indicateurs les plus avancés, souligne Marc Pado.
Toutefois, estime Gina Martin, les chiffres officiels de l'emploi pourraient s'avérer une nouvelle fois faussés, comme en janvier où ils avaient été altérés par la mauvaise météo qui avait sévi aux Etats-Unis. Ils devraient néanmoins conserver leur tendance à l'amélioration, a estimé l'analyste.
"L'augmentation de 30% sur un an des prix du pétrole ne devrait pas encore faire dérailler les prévisions économiques, tant que les risques géopolitiques ne prendront pas complètement le dessus sur le marché", précise Mme Martin.
D'autres indicateurs étaient attendus, comme les dépenses et revenus des ménages pour janvier, l'activité dans la région de Chicago et les promesses de ventes de logements pour février lundi.
La banque centrale publiera mercredi son Livre Beige, rapport de conjoncture sur l'économie américaine. Le président de l'institution Ben Bernanke devait en outre livrer devant des sénateurs puis des représentants américains son discours semestriel de politique monétaire, duquel les analystes n'attendaient aucune surprise.