Le directeur général du Fonds monétaire international Dominique Strauss-Kahn, de plus en plus vu comme devant quitter Washington dans quelques mois pour une hypothétique campagne présidentielle en France, a déjà commencé à défendre son bilan à la tête de l'institution.
Lors de son passage au 20 heures de France 2 dimanche, M. Strauss-Kahn a déroulé son argumentation contre ceux qui lui reprochent d'être le chantre de la rigueur budgétaire ou le serviteur de la finance internationale.
"Je connais bien les critiques qui sont faites. Mais quand je vois comment on a sorti des pays de l'effondrement, l'Islande par exemple [...] : on a sauvé ce pays. Dans la difficulté, dans la douleur pour les citoyens, parce que ça ne pouvait pas se faire pour rien, gratuitement. Mais je fais ce que je crois utile pour résoudre les problèmes des gens", a-t-il lancé.
"Mon travail c'est de faire en sorte que pays par pays, on essaie d'arranger les choses [...] pour que les situations aillent mieux, pour que les plus vulnérables soient protégés", a-t-il avancé. "Aujourd'hui au FMI, je m'occupe des problèmes des gens".
Dans Le Parisien lundi, il qualifiait le FMI de "service public mondial".
Si M. Strauss-Kahn a derrière lui près de trois ans et demi à la tête du Fonds, son action reste mal connue des électeurs français. Elle risque d'être perçue comme lointaine par rapport à leurs préoccupations.
Son bilan est défendu dans le livre "DSK au FMI, enquête sur une renaissance" de la journaliste de France 24 Stéphanie Antoine, publié par les éditions du Seuil le 17 février. Pour Le Monde, "à la lecture de ce livre, on mesure la marque que DSK a imprimée au Fonds".
Qu'il soit voué à laisser une empreinte dans l'histoire de l'institution, tout le monde le reconnaît à Washington. Mais qu'il s'occupe "des problèmes des gens" est plus contesté.
"En un sens oui, en aidant les gouvernements à offrir de meilleures politiques économiques, cela aide les gens", explique à l'AFP l'économiste Edwin Truman, ancien secrétaire assistant au Trésor des Etats-Unis. Pour lui, cette expérience de M. Strauss-Kahn serait "très utile" à la France.
"J'espère que le FMI pense que sa mission est de rendre la vie des gens meilleure, mais il traite avec eux de manière indirecte, puisque c'est avec les gouvernements", répond Daniel Bradlow, professeur à l'American University.
Pour lui, même si M. Strauss-Kahn a fait des efforts pour rencontrer les syndicats ou d'autres organisations de la société civile, le FMI "a encore beaucoup de marge pour s'améliorer".
En revanche pour Mark Weisbrot, économiste très critique vis-à-vis du FMI, l'attention aux "plus vulnérables" est une façade.
"Si on prend un pays comme le Pakistan, le FMI impose des conditions qui ont rétréci l'économie. Qu'il y ait des mesures de protection sociale qui coûtent un quart de pour cent du PIB, ça ne rattrape pas tous les dégâts qui ont été faits", argumente-t-il auprès de l'AFP.
M. Weisbrot critique l'opposition de M. Strauss-Kahn à une taxe sur les transactions financières ou à une restructuration de la dette de la Grèce : DSK "a tort" sur ces deux sujets, considère-t-il.
Le directeur du FMI défend une autre forme de taxation de la finance, qui vise les profits. Quant à la restructuration de la dette grecque, que M. Weisbrot juge inévitable, M. Strauss-Kahn la juge dangereuse pour la crédibilité du pays.