Le gouvernement espagnol a annoncé vendredi les détails d'un plan de renforcement des caisses d'épargne, considérées comme le maillon faible du système financier du pays, avec en particulier un relèvement dès mars des minimums de solidité financière requis.
Ce plan, très attendu par la communauté financière, vise à "renforcer de manière accentuée la solvabilité" de ces établissements, a expliqué la ministre de l'Economie Elena Salgado à l'issue du Conseil des ministres.
Le plan ouvre la voie à des nationalisations partielles et temporaires pour les caisses d'épargne qui ne pourront respecter les niveaux minimum requis de solvabilité et n'auront pu se "recapitaliser" à temps, a ajouté la ministre.
Les caisses d'épargne, des établissements le plus souvent de petite taille et non cotés en bourse, ont souffert de l'éclatement de la bulle immobilière et de la récession dans laquelle l'Espagne a plongé fin 2008.
Elles sont l'objet de craintes récurrentes de la part des investisseurs internationaux et leur santé précaire a expliqué en partie les turbulences boursières enregistrées en Espagne fin 2010, à la suite de la crise irlandaise.
Ce plan, qui fait suite à une première vague de restructuration du secteur opérée en 2010 par l'Etat espagnol, répond d'ailleurs à "l'accès d'instabilité financière" enregistré à "fin 2010", a souligné Mme Salgado.
A partir du 10 mars, tous les établissements financiers espagnols devront respecter un niveau de solidité financière d'au moins 8% (pour les fonds propres "durs"), sauf pour une partie des caisses d'épargne qui devront respecter un taux d'au moins 10%.
Ce taux supérieur sera exigé pour les établissements dont moins de 20% sont cotés en bourse ou détenus par des investisseurs privés et qui dépendent du marché de gros pour plus de 20% de leurs besoins en financement. Il s'agit là exclusivement de caisses d'épargne.
Les caisses qui ne respectent pas le niveau supérieur de 10% devront présenter d'ici fin mars à la Banque d'Espagne des plans de renforcement financier. Elles ont pour cela la possibilité d'ouvrir leur capital à des investisseurs privés ou bien de s'introduire en Bourse.
Ces opérations destinées à trouver de l'argent frais pour améliorer les ratios de solvabilité, devront être mises en oeuvre d'ici fin septembre. Toutefois la Banque d'Espagne pourra accepter "au cas par cas" des délais supplémentaires.
Ainsi les caisses auront "exceptionnellement" jusqu'à mars 2012 pour s'introduire en bourse et jusqu'à décembre 2011 pour ouvrir leur capital à des investisseurs.
Pour les établissements qui n'auront pas réussi à se recapitaliser dans les temps, il sera procédé à une nationalisation avec prise de participation temporaire du fonds public Frob pour une durée ne dépassant pas cinq ans.
Avant cette nationalisation partielle --le montant de la participation que prendrait l'Etat espagnol n'est pas spécifié--, les caisses se transformeront en banques commerciales.
Les caisses d'épargne ont des statuts particuliers: ce sont des organismes à but non lucratif, généralement contrôlés par des autorités locales ou régionales.
A la suite de la restructuration imposée l'an passé par le gouvernement espagnol, de nombreuses caisses se sont unies, avec à l'arrivée 17 établissements contre un total de 45 caisses début 2010.
A cette occasion, un montant d'environ 12 milliards d'euros d'argent public a été injecté l'an passé dans ces établissements, à travers le Frob.
Le gouvernement a chiffré en janvier à 20 milliards d'euros le montant encore nécessaire aux caisses pour se restructurer.