Le groupe européen d'aéronautique et de défense EADS a révélé mercredi avoir abaissé ses prix pour présenter une offre "très compétitive" d'Airbus et tenter ainsi de remporter le méga-contrat des avions ravitailleurs américains, face à l'américain Boeing.
EADS, maison mère de l'avionneur Airbus, et son concurrent américain Boeing avaient annoncé jeudi dernier avoir déposé auprès du Pentagone leur offre finale pour le méga-contrat des ravitailleurs, évalué à 35 milliards de dollars, qu'ils se disputent depuis plusieurs années.
Boeing avait indiqué avoir revu sa proposition pour la rendre plus compétitive mais l'européen n'avait pas voulu dire s'il avait modifié son offre.
Au cours d'une conférence de presse mercredi à Washington, le président pour l'Amérique du Nord d'EADS, Ralph Crosby, a révélé que son groupe avait révisé le contenu de son offre finale et son prix pour la rendre "très compétitive".
Interrogé sur l'ampleur de la baisse de prix, M. Crosby a simplement répondu: "juste assez pour gagner". Le constructeur européen estime que son offre doit être moins chère d'environ 1% que celle de son rival américain Boeing pour l'emporter.
M. Crosby a rappelé que sa proposition lors de l'appel d'offre précédent, présentée en 2008 en tandem l'américain Northrop Grumman, affichait un prix inférieur de 6% à celui de Boeing, et que la différence de prix pourrait être "encore plus importante" aujourd'hui.
Le secrétaire américain à la Défense, Robert Gates, a souligné mercredi que le Pentagone devrait rendre son verdict "dans les deux ou trois prochaines semaines".
La semaine dernière, Boeing avait dit avoir présenté une offre "agressive mais responsable", face à un rival "subventionné" par les autorités européennes.
Les deux constructeurs se livrent depuis des années une bataille auprès de l'Organisation mondiale du Commerce, s'accusant mutuellement de bénéficier de subventions publiques illégales.
L'appel d'offres porte sur 179 avions ravitailleurs destinés à remplacer la flotte vieillissante de KC-135 de l'armée de l'air américaine datant des années 50. Le Pentagone achèterait ces appareils au rythme de 15 par an maximum et prévoit d'y consacrer 900 millions de dollars en 2012.
L'histoire de cet appel d'offre est émaillée de coups de théâtre, notamment d'un scandale d'espionnage, et le contrat a été annulé à deux reprises, après avoir été attribué une première fois à Boeing en 2003, puis une deuxième en 2008 à EADS et Northrop Grumman.
EADS se lance cette fois-ci sans partenaire principal, mais avec le soutien de centaines d'équipementiers américains.
M. Crosby a promis mercredi que, s'il remporte le contrat, la production des ravitailleurs démarrerait dans l'usine américaine d'EADS à Mobile (Alabama, sud des Etats-Unis) "dans les cinq jours suivant" la décision.
EADS a présenté une version militaire de son Airbus A330, le KC-45, qu'il vante comme "le seul véritable avion-ravitailleur déjà en activité" alors que la version du 767 présentée par Boeing n'existe "que sur papier", et arguant que sa production aux Etats-Unis génèrerait 48.000 emplois dans le pays.
Boeing affirme de son côté que l'appareil qu'il a présenté assure "de meilleures capacités opérationnelles aux avions de combat américains avec une consommation de carburant inférieure de 24% à celle de l?appareil proposé par EADS", et qu'il soutiendra 50.000 emplois aux Etats-Unis.