Electricité de France (EDF) a nettement amélioré sa performance industrielle en 2010, avec une hausse sensible de sa production d'électricité sur le marché national, mais les bénéfices du groupe public ont grandement souffert de ses incursions sur les marchés internationaux.
Le bénéfice net part du groupe d'EDF s'est élevé à 1,02 milliard d'euros en 2010, en chute de 73,9% par rapport aux 3,90 milliards enregistrés l'année précédente, selon un communiqué publié mardi par la société.
Les profits ont été plombés par des provisions exceptionnelles de 2,90 milliards d'euros passées par EDF dans ses comptes.
Elles servent à couvrir les risques de baisse de valeur des participations du groupe français aux Etats-Unis (activités nucléaires de Constellation) et en Italie (Edison), dans un contexte de prix faibles et de demande morose.
Il s'agit de tenir compte de la "conjoncture difficile sur les principaux marchés énergétiques mondiaux", a expliqué le patron d'EDF Henri Proglio au cours d'une conférence de presse, en citant notamment "l'effondrement du prix du gaz" aux Etats-Unis.
"C'est une annonce certes difficile mais qui met le groupe à l'abri des risques", a-t-il affirmé.
Le groupe a aussi souffert d'une conjoncture difficile au Royaume-Uni, son premier marché étranger depuis le rachat de British Energy fin 2008.
Pour le reste, "l'activité opérationnelle est rassurante", a jugé Louis Boujard, analyste financier chez Aurel.
Le chiffre d'affaires a ainsi progressé de 10,2% à 65,16 milliards d'euros (+4,6% en croissance organique).
Quant à la production des centrales nucléaires françaises, elle s'est redressée de 4,6% après avoir chuté en 2009 à son plus bas niveau depuis 10 ans sous l'effet de pannes et de grèves.
Enfin, la production des barrages hydrauliques a progressé de 10%.
"La performance a été très bonne en France" où le bénéfice brut d'exploitation (Ebitda) a progressé de 7,7%, s'est félicité le directeur financier Thomas Piquemal.
L'avenir risque cependant d'être moins rose et reste suspendu aux textes d'application de la loi sur la Nouvelle organisation du marché de l'électricité (Nome).
En vertu de cette loi, l'électricien hexagonal va être obligé de vendre jusqu'à un quart de la production de ses centrales nucléaires à ses concurrents (GDF Suez, Poweo, Direct Energie, etc.) à un prix défini par arrêté ministériel.
Si EDF obtenait un prix de vente inférieur de un euro à sa prévision (42 euros par mégawattheure, MWh), le groupe perdrait 40 millions d'euros au second semestre 2011 et 80 millions d'euros en année pleine, selon M. Piquemal.
L'ancien monopole public pourrait ainsi être amené à revoir à la baisse la prévision de croissance de son excédent brut d'exploitation pour 2011 (+4% à +6%), la presse évoquant actuellement un prix de 37 à 39 euros/MWh pour l'électricité nucléaire.
M. Proglio a d'ailleurs annoncé pour le printemps une mise à jour de la stratégie industrielle de l'électricien hexagonal.
"EDF dispose d'un très fort potentiel de croissance", a-t-il affirmé, en indiquant qu'il pourrait procéder à des acquisitions "très sélectives".
Il a notamment évoqué la Pologne, où EDF négocie le rachat du numéro 3 de l'énergie Enea, et l'Italie, où le groupe mène des négociations sur l'avenir du groupe Edison avec l'italien A2A.
"Sur Edison, tout est ouvert", a déclaré M. Proglio, alors que des rumeurs de presse évoquent régulièrement une montée d'EDF au capital de l'italien.
Enfin, concernant le terminal méthanier de Dunkerque, EDF décidera "vraisemblablement vers le milieu de l'année" s'il mène à bien ce projet, mis à mal par la moindre rentabilité du marché du gaz.