Le groupe allemand Daimler, actionnaire de EADS, a été mis en examen pour "délits d'initiés" dans l'enquête sur la vente de titres du groupe aéronautique et de défense en 2005 et 2006, deux semaines après la mise en examen de Lagardère, l'autre actionnaire de EADS.
Daimler a été mis en examen en tant que personne morale mercredi soir pour "délits d'initiés" par les juges d'instruction du pôle financier Serge Tournaire et Xavier Blanc, a-t-on appris jeudi de source proche du dossier.
Le groupe allemand avait cédé 7,5% du capital de EADS, la maison mère d'Airbus, le 4 avril 2006 à des actionnaires institutionnels français. Simultanément, Lagardère avait également vendu une participation équivalente.
Le constructeur automobile allemand est soupçonné d'avoir bénéficié d'informations privilégiées en vendant ces titres deux mois avant l'annonce d'un retard de six à sept mois du calendrier de livraison du très gros porteur A380 qui avait entraîné la chute du titre EADS.
"Nous considérons tout ce dossier très inhabituel et difficilement compréhensible", a réagi Daimler dans un communiqué. Son avocat, Me Olivier Metzner, n'a pas souhaité faire de commentaire.
Daimler rappelle que l'Autorité des marchés financiers (AMF) avait jugé fin 2009 qu'il n'avait commis aucun manquement dans cette affaire et se dit "confiant" sur le fait que cette affaire trouvera une issue favorable à Daimler".
Fin janvier, le groupe Lagardère avait assuré lors de sa mise en examen que cette décision était le fait de deux juges récemment nommés sans faits nouveaux à leur disposition. Lagardère détient 7,5% dans EADS.
Selon une source proche du dossier, les juges pourraient rapidement boucler leur enquête.
Daimler détient aujourd'hui 15% du capital et 22,5% des droits de vote du groupe aéronautique. Mais selon la presse allemande, il préparerait son désengagement, le Financial Times Deutschland évoquant même une cession de ses parts dès cette année, une information que le constructeur n'a pas commentée jusqu'alors.
Dans un premier temps, l'AMF avait soupçonné de délits d'initié 17 dirigeants, passés ou actuel, du groupe d'aéronautique, ainsi que ses actionnaires français Lagardère et allemand Daimler.
Mais tous avaient été finalement blanchis en décembre 2009, le gendarme boursier estimant qu'ils n'avaient pas utilisé d'information privilégiée pour d'enrichir indûment en vendant des actions.
Sur le plan pénal, plusieurs mises en examen ont été prononcées dans ce dossier depuis deux ans, dont celle de l'ancien co-président d'EADS, Noël Forgeard, le directeur du site EADS à Dresde (Allemagne), Andreas Sperl, ou encore l'ancien président d'Airbus, Gustav Humbert.
Le directeur commercial d'Airbus, l'Américain John Leahy, l'a été également en novembre dernier.
Les juges d'instruction ont aussi placé plusieurs personnes sous statut de témoin assisté, un statut intermédiaire entre le témoin et le mis en examen, dont l'actuel président d'Airbus, l'Allemand Thomas Enders.