Romuald de Lencquesaing de Metropole Gestion estime que le ratio rendement/risque des obligations d'entreprises est toujours intéressant, dans le cadre d'une gestion prudente. Toutefois, le rendement des actions reste le plus attractif actuellement.
BourseReflex : Le rendement des obligations d’Etat est aujourd’hui beaucoup moins attractif qu’en 2009-2010. Comment expliquez-vous ce retournement ?
Romuald de Lencquesaing : En effet, les sociétés européennes sont sorties de la crise et ont assaini leur bilan. Elles sont désormais en bonne santé. Il y a un retour de la croissance des chiffres d’affaires et un maintien des marges qui justifient ce retour en force des obligations d’entreprises et des actions. L’engouement pour cette classe d’actifs s’explique par l’éclatement des spreads fin 2008. Par exemple, sur une société notée BBB, qui est une bonne notation, on est monté aux alentours de 700 points de base en terme de spreads, contre environ 200 points de base aujourd’hui. L’aversion au risque des investisseurs qui a été très importante en 2010. Il y a eu un excès de crainte sur les dettes souveraines avec ce qu’il s’est passé en Grèce ou en Irlande. Cet excès a provoqué l’éclatement des spreads. Aujourd’hui, la situation est un peu plus stable grâce notamment aux aides mises en place dans ces pays, ce qui a permis de rassurer les investisseurs. On paie encore un surplus de risque sur ces pays de l’ordre de 250 à 300 points de base.
BourseReflex : Qu’en est-il des obligations d’entreprises ? Cette classe d’actifs est-elle toujours aussi attractive ?
Romuald de Lencquesaing : Depuis deux ans, beaucoup de fonds corporate ont été créés et ont connu un bel essor. Chez Métropole Gestion, notre fonds Métropole Corporate Bonds a réalisé une performance de 17% en 2009 et de 5% en 2010. Le ratio rendement/risque est intéressant sur les obligations d’entreprises, mais reste moins attractif que pour les actions.
BourseReflex : Comment sélectionnez-vous vos obligations corporate ?
Romuald de Lencquesaing : La rigueur de notre méthode de sélection de titres « actions » décotés trouve aussi son expression dans le marché des obligations. Le recours à une analyse bilantielle dynamique permet de repérer les obligations décotées. A titre d’exemple, actuellement nous avons des titres comme Axa, ArcelorMittal, Air France, Klépierre, Unicredito, Pernod Ricard,...
BourseReflex : Quel est l’intérêt d’investir dans un fonds obligataire si ce sont les mêmes valeurs que dans un fonds actions ?
Romuald de Lencquesaing : Tout d’abord, ce n’est pas le même risque. Le choix entre l’obligataire et les actions va essentiellement dépendre du profil de l’investisseur. Par exemple, en 2010 le fonds actions européennes de Métropole Gestion a fait une performance de 17% pour une volatilité de 21%, alors que le fonds corporate a enregistré une hausse de 4,88% pour une volatilité de 2,90%. On sait que plus l’HORIZON est long plus on peut prendre de risques sur les marchés. Aujourd’hui nous préférons proposer à NOS clients des fonds actions, car nous sommes sur une reprise de cycle. A long terme, les perspectives de performance sont plus intéressantes.