Les Etats-Unis, à l'issue d'une enquête de dix mois, ont lavé Toyota mardi de tout soupçon quant à la fiabilité de ses systèmes électroniques, estimant que les accélérations involontaires des véhicules du constructeur japonais étaient dus à des problèmes mécaniques.
"Les problèmes de Toyota étaient mécaniques, pas électriques", a résumé Ray LaHood, ministre des Transports, lors d'une conférence de presse.
Il a décrit l'enquête de son ministère comme l'un "des efforts de recherche les plus complets et intensifs jamais menés".
Les scientifiques de la Nasa, l'agence spatiale américaine, qui ont participé à l'enquête, ont estimé qu'il n'y avait "pas de défauts électroniques dans les véhicules Toyota" qui pourraient "créer des accélérations involontaires à des vitesses dangereuses".
L'enquête a également écarté la possibilité que des radiations électromagnétiques aient joué un rôle dans ces accélérations.
Au lieu de cela, elle a estimé que les dizaines d'accidents auxquels ont été liés les véhicules Toyota à cause d'accélérations inopinées étaient dus à des problèmes mécaniques, notamment à des pédales d'accélération restant bloquées en position basse ou se coinçant dans des tapis de sol, rejoignant ainsi la thèse du constructeur japonais.
Le département des Transports a toutefois indiqué qu'il imposerait de nouvelles réglementations requérant un système de freinage d'urgence, dans le cas notamment où les deux pédales (accélération et freinage) seraient enfoncées, qu'il élaborerait une norme pour les systèmes de démarrage sans clé et placerait des "boîtes noires" à bord de tous les véhicules.
Alors que les véhicules d'aujourd'hui fonctionnent de plus en plus avec des systèmes électroniques, le ministère a indiqué qu'il approfondirait les recherches sur leur fiabilité.
Toyota a dû rappeler plus de 10 millions de véhicules dans le monde depuis l'automne 2009, dont la grande majorité aux Etats-Unis en raison de ces problèmes d'accélération, et a dû verser près de 50 millions de dollars de pénalités aux autorités américaines.
Au total, 20,3 millions de véhicules ont été rappelés aux Etats-Unis l'an dernier, a précise M. LaHood.
L'agence américaine de sécurité routière (NHTSA) avait indiqué fin mai qu'elle avait reçu 6.200 plaintes liées aux problèmes d'accélération de Toyota, accusés d'avoir provoqué 71 accidents et 89 décès aux Etats-Unis.
A ces problèmes se sont ajoutés de multiples rappels pour divers dysfonctionnements (direction, corrosion, freinage, etc), et des auditions parlementaires très médiatisées où les dirigeants du groupe, dont le PDG Akio Toyoda, ont été malmenés.
Des facteurs qui ont durablement écorné l'image de qualité dont jouissait jusqu'alors le japonais aux Etats-Unis, et qui lui ont fait perdre l'an dernier la deuxième place du marché américain face à Ford, derrière le numéro un General Motors.
Sa part de marché est tombée de 17% en 2009 à 15,2% en 2010 et il est le seul parmi les grands constructeurs automobiles à avoir vu ses ventes s'effriter l'an dernier aux Etats-Unis, alors que le marché rebondissait des tréfonds de la crise.
Steve St. Angelo, directeur de la qualité chez Toyota pour l'Amérique du Nord, a dit apprécier "l'étude complète" sur les problèmes d'accélération de son groupe.
"Nous pensons que cette analyse rigoureuse par certains des ingénieurs les plus en pointe d'Amérique devrait renforcer la confiance dans la sûreté des véhicules Toyota et Lexus", a-t-il précisé dans un communiqué, ajoutant que Toyota allait continuer à "coopérer pleinement" avec les autorités américaines.