Astrium, la filiale du groupe européen EADS spécialisée dans les technologies spatiales, s'est alliée avec une société américaine pour offrir dès 2015 un lanceur low-cost capable d'emporter des astronautes dans l'espace, ont-ils annoncé mardi.
Astrium, qui est le fournisseur principal du lanceur européen Ariane, a trouvé un partenaire avec Alliant Techsystems (ATK), une ancienne filiale d'Honeywell spécialisée dans les systèmes de propulsion.
Les deux groupes souhaitent développer une nouvelle fusée baptisée "Liberty" ("Liberté"), faisant appel à leurs technologies propres.
Le nouvel engin devra être capable d'emporter une charge utile de 20 tonnes jusqu'à la station spatiale internationale (ISS) et sa capacité d'emport devra être compatible avec tous les projets de véhicules et de capsules spatiales actuellement en développement, ont-il expliqué dans un communiqué.
Selon Alliant Techsystems, l'alliance transatlantique viserait des coûts de lancement inférieurs à 180 millions de dollars, soit 40% de moins que les prix actuellement pratiqués par Boeing et Lockheed Martin, les actuels prestataires de l'agence spatiale Nasa et de l'armée de l'air américaine.
Les deux partenaires entendent pour ce faire recycler les études menées pour le lanceur Ares 1, envisagé pour ramener l'homme sur la Lune, mais dont les crédits ont été annulés l'an dernier par l'administration Obama.
Liberty utiliserait le premier étage d'Ares 1, qui repose sur les propulseurs d'appoint de la navette spatiale, fabriqués par ATK. Le deuxième et dernier étage serait celui d'Ariane V, dont la fiabilité, avec plus de 40 lancements réussis, est désormais bien établie.
Les deux partenaires soulignent que les deux étages du futur lanceur ont été conçus dès le départ dans l'optique d'envoyer des hommes dans l'espace et que la fusée devrait donc offrir une sécurité maximale pour son équipage.
Interrogé par l'AFP, un responsable d'Astrium a assuré que le futur lanceur ne serait pas concurrent d'Ariane V. "C'est un programme institutionnel américain destiné à envoyer des astronautes jusqu'à la station spatiale internationale", alors que la fusée européenne est pour sa part spécialisée dans les lancements commerciaux de satellites.
Ce responsable a aussi souligné qu'il s'agissait d'un programme américain, dont le maître d'ouvrage était ATK. "Ils sont maître d'oeuvre, c'est leur fusée, leur projet. Nous sommes un sous-traitant, un sous-traitant certes important, mais un sous-traitant", a-t-il fait valoir.
Dans la mesure où les composantes de la fusée ont fait depuis longtemps la preuve de leur fiabilité, les deux partenaires entendent aller très vite: ils visent un premier vol dès 2013 et un second en 2014 pour parvenir à un système opérationnel d'ici à 2015. Leur lanceur pourrait ainsi se positionner comme un remplaçant crédible pour la navette spatiale, dont les derniers vols sont prévus cette année.
Un tel projet ne peut que rencontrer de sérieux obstacles politiques et financiers aux Etats-Unis, notent toutefois les quotidiens Wall Street Journal et New York Times, qui avaient révélé le projet.
Ses promoteurs devront notamment convaincre la Nasa de leur affecter une partie des 200 millions de dollars destinés à faire émerger de nouveaux fournisseurs privés de services spatiaux, à l'image du groupe SpaceX.
"Si les portes sont ouvertes", avec une aide de départ de la Nasa, "alors nous avons clairement une stratégie pour entrer sur ce marché", juge Alain Charmeau, président d'Astrium Space Transportation, cité par le WSJ.
Les autres partenaires du projet sont les groupes United Space Alliance (intégration du lanceur) et L-3 Communications (avionique premier étage).