Après une année 2010 faste, le groupe LVMH, soutenu par une demande toujours plus forte de produits de luxe dans le monde, ambitionne de faire encore mieux en 2011, en dépit de l'apparition de goulots d'étranglement dans sa production de champagne, après la maroquinerie.
Pour la première fois de l'histoire du propriétaire des sacs à main Louis Vuitton, des parfums Dior ou du champagne Dom Pérignon, la barre des 20 milliards d'euros de ventes a été franchie l'an dernier. Autre record pour les profits qui ont dépassé pour la première fois les 3 milliards d'euros.
LVMH comme les autres groupes de luxe, de Hermès à Richemont (Cartier, Montblanc..) en passant par Prada ou Tiffany, tire parti d'un net rebond de la demande, notamment en provenance d'Asie, mais profite aussi de la très bonne résistance des marchés matures comme l'Europe et les Etats-Unis.
Bernard Arnault s'est félicité du "bon équilibre" existant entre les différents métiers du groupe (mode et maroquinerie, vins et spiritueux, parfums et cosmétiques, distribution sélective, montres et joaillerie) et entre ses grands marchés (1/3 en Europe, 1/3 en Asie et 1/3 aux Etats-Unis).
Ne voyant pas de nuages économiques à l'HORIZON 2011 et même 2012, le PDG de LVMH s'est déclaré "très confiant pour que les performances (de 2010) soient dépassées et, si possible, largement dépassées" cette année.
Pour y arriver, a-t-il précisé, il faudra rester "mobilisé derrière la qualité des produits". Le groupe compte aussi faire preuve de "sélectivité" dans ses investissements et dans l'extension de son réseau de magasins.
Louis Vuitton, marque phare du groupe qui lui procure aussi la moitié de sa rentabilité, ouvrira moins de 10 boutiques cette année, préférant se concentrer sur quelques projets phare comme à Shanghai, Rome et Hong Kong.
La griffe, qui a du en 2010 faire face à des problèmes de production et réduire ses horaires d'ouverture dans quelques boutiques en France, va encore embaucher des artisans cette année et ouvrira un nouvel atelier dans la Drôme.
Après avoir pris la crise de plein fouet, l'activité champagne se retrouve à son tour face à des goulots d'étranglement. Le groupe se "retrouve un peu court en bouteilles", a reconnu M. Arnault.
Pour sortir de cette situation, comme dans la maroquinerie, "il n'y a pas d'autres solutions que d'augmenter la production", a-t-il dit avant d'indiquer être "à la recherche de nouvelles capacités: achats de terrain, contrats de production, tout ce qui est disponible".
Mais ces problèmes de production n'affecteront pas les résultats de l'année, a-t-il assuré.
M. Arnault a insisté sur le rôle et la responsabilité de LVMH sur l'économie française et l'emploi. LVMH comptait fin décembre 83.000 employés dans le monde dont 19.000 en France (soit 23% de ses effectifs totaux).
Pressé de questions sur l'arrivée surprise du groupe au capital du concurrent Hermès, M. Arnault a réaffirmé vouloir être un actionnaire "pacifique" mais pas pour autant "passif". L'objectif est, selon lui, d'"établir des relations constructives" avec les dirigeants d'Hermès.
Louis Vuitton et Hermès ont des "cultures différentes", a-t-il reconnu. Mais c'est comme pour Victor Hugo et Stendhal: "c'est une affaire de goût mais les deux sont à la Pléïade", a-t-il noté.