Renault, qui investira 5,7 milliards d'euros d'ici 2013 dans ses usines, va concentrer en Europe occidentale la production de ses véhicules haut de gamme et électriques, façon de rassurer ses salariés français au moment le groupe veut accélérer son développement sur les marchés émergents.
Le volet industriel du nouveau plan stratégique dévoilé mercredi par le constructeur français prévoit de concentrer "l'activité des usines d'Europe occidentale sur les productions à forte valeur ajoutée, soit principalement, le haut et le moyen de gamme européens, les véhicules utilitaires, les véhicules et moteurs électriques ainsi que les batteries".
Parallèlement, Renault compte renforcer ses usines hors d'Europe de l'Ouest, arguant du fait que "produire localement est indispensable pour être compétitif".
A l'heure actuelle, l'Europe dans son ensemble, et la France en particulier, concentrent encore l'essentiel de la production et des effectifs. Fin 2009 (derniers chiffres complets disponibles), le groupe comptait 63% de ses effectifs sur le Vieux continent, dont 45% en France, sur un total de 121.400 personnes dans le monde entier.
Mais Renault, comme son concurrent national PSA Peugeot Citroën, veut réduire sa dépendance aux marchés automobiles français et européen, saturés.
"En 2016, le marché automobile européen ne devrait pas avoir retrouvé son niveau de 2007, avant la crise", a-t-il souligné mercredi. A l'inverse, "entre 2010 et 2016, hors d'Europe, le marché devrait progresser de près de 50%".
Ces ajustements se feront "sans fermeture de site, sans plan social ni plan de départs collectifs", assure le PDG du groupe Carlos Ghosn.
Une manière de rassurer les salariés, notamment en France, où Renault a procédé en 2008 à un plan social et a annoncé plus récemment 3.000 départs via un dispositif de pénibilité, qui doivent être compensés par des embauches.
La France, qui compte sept sites de production, sera "au coeur du dispositif industriel du véhicule électrique", programme phare dans lequel le constructeur a déjà investi 4 milliards d'euros avec son partenaire japonais Nissan.
"80% des véhicules électriques vendus dans le monde par Renault seront produits en France en 2015", assure Renault.
A cette production s'ajoutera celle de batteries et de moteurs électriques, dévolus respectivement aux usines de Flins (Yvelines) et de Cléon (Seine-Maritime) à partir de 2013. Le syndicat CGT de l'usine de Cléon a accueilli la nouvelle "avec sympathie", tout en appelant à "relativiser" son importance.
Sandouville (Seine-Maritime), pour sa part, va perdre le haut de gamme au profit de Douai (Nord) à l'HORIZON 2014 et se concentrer sur la fabrication d'un véhicule utilitaire, dont la production atteindra 100.000 fourgons par an.
Ceci devrait permettre d'assurer une "stabilité" dans le temps pour l'usine, a fait valoir son directeur Jérôme Moinard, alors que les syndicats craignaient depuis plusieurs mois la perte du haut de gamme.
Hors de France, l'avenir des quatre usines espagnoles (Valladolid, Valladolid Motores, Séville, Palencia) du constructeur "est assuré", indique Renault.
L'usine de Novo Mesto en Slovénie sera chargée de la production des "petits véhicules de la marque, à destination de l'Europe: Twingo, Wind et Clio Campus".
Renault compte également renforcer ses capacités hors d'Europe pour répondre à une demande croissante, ses ventes hors d'Europe devant atteindre 43% du total cette année. Le groupe va notamment investir "au Brésil, en Inde et en Russie".
Au Maroc, son usine de Tanger entrera en activité comme prévu en 2012, avec une montée en puissance de la production dès 2013. Elle prendra en charge les modèles de la gamme Entry (commercialisés sous la marque Dacia en Europe).