La Bourse de Paris s'est approchée cette semaine de ses plus hauts de 2010 avant de montrer des signes d'essoufflement, une tendance qui pourrait se poursuivre face à une nouvelle semaine chargée et un risque de voir le secteur financier délaissé par les investisseurs.
Sur la semaine écoulée, le CAC 40 a reculé de 0,38% pour terminer vendredi à 4.002,32 points, marquant une pause après trois semaines de hausse d'affilée.
Pour François Duhen, du Crédit Mutuel-CIC Securities, après un début d'année très solide (plus de 5% de hausse), des prises de bénéfices étaient à prévoir, compte tenu des attentes très fortes quant aux résultats d'entreprises.
Cela dit, les indices boursiers se montrent assez résistants, "ce qui n'est pas surprenant malgré des prises de bénéfices sur certains secteurs, car les valorisations restent attractives, et l'aversion au risque peut encore se détendre" dans les semaines à venir, note le stratégiste.
Ce mouvement de hausse se justifie en effet par une accalmie sur les dettes en zone euro, comme l'a prouvé le succès mardi de la première émission du Fonds de soutien européen (FESF) qui a suscité une forte demande, signe de l'attractivité de la zone euro auprès des investisseurs.
Quelques statistiques sont venues conforter ce sentiment même si la plus attendue de tous --la croissance américaine au quatrième trimestre-- a déçu en ressortant vendredi en-deçà des attentes.
"Le marché attend dorénavant de plus en plus de bonnes nouvelles qui sont difficiles à venir. Il faudrait vraiment une amélioration de certaines statistiques pour donner le coup de rein nécessaire au marché", estime Guillaume Garabédian, gérant d'actions chez Meeschaert Gestion Privée.
Les investisseurs seront servis la semaine prochaine avec les ISM aux Etats-Unis (mardi et jeudi) et les chiffres de l'emploi en janvier (vendredi).
En zone euro, deux temps forts seront suivis: la réunion de la Banque centrale européenne (BCE) ainsi qu'un sommet européen vendredi où devraient être évoquées des solutions pour sortir durablement la zone euro de la crise.
"Le discours de Jean-Claude Trichet va être plus important que d'habitude, à l'heure où il commence à préparer le terrain à une hausse des taux", a souligné M. Garabédian, alors que cette semaine, la Réserve fédérale américaine (Fed) a confirmé qu'elle n'envisageait pas une telle OPTION "avant une longue période".
Concernant le sommet européen --même si de nombreux gérants d'actions n'en attendent pas grand chose-- il pourrait donner lieu à des échanges sur l'amélioration du Fonds de soutien européen ou sur la mise en place d'euro-obligations, qui rassembleraient les dettes des 17 en une seule.
Les annonces faites dans ce cadre, ainsi que les prochaines émissions de dette, pourraient peser ou au contraire continuer à favoriser le secteur financier, le grand gagnant du marché depuis le début de l'année.
"Le marché est certes apaisé sur la question des dettes européennes mais on entend de plus en plus parler du problème de dette aux Etats-Unis, ce qui va bien finir par peser", estime Michael Aflalo de Natixis Asset Management.
En outre, la gestion des caisses d'épargne espagnoles qui pourraient être recapitalisées ainsi que les tests de résistance sur les banques européennes pourraient affecter le secteur financier, essentiel au marché parisien.