Le ministre du Travail et de la Santé Xavier Bertrand s'est déclaré mercredi favorable au versement des pensions de retraite au 1er du mois et non plus au 9 comme actuellement, un changement de calendrier qui ne serait pas sans risque, selon la Caisse nationale d'assurance vieillesse (CNAV).
Lors de la séance de questions d'actualité au gouvernement à l'Assemblée nationale, M. Bertrand a affirmé qu'il mettrait en oeuvre en tant que ministre, ce qu'il avait lui même demandé en tant que député.
"J'ai demandé à la direction de la Sécurité sociale de préparer les choses pour que l'on puisse changer une fois pour toutes la date de versement des pensions", a-t-il affirmé, en réponse à une question de la députée communiste de la Réunion Huguette Bello (groupe Gauche démocrate et républicaine).
"J'ai toujours en tête cette remarque d'une dame à la suite d'une réunion qui m'avait dit: +Monsieur le ministre, mon loyer je le paye le 2, ma pension je la touche le 10, comment je fais entre les deux?+. Et, depuis cette date, je m'étais promis que l'on change(rait) les choses", a raconté M. Bertrand.
Cette mesure, si elle devait être appliquée, ne serait pas sans risque, a-t-on expliqué à la Cnav.
L'Agence centrale des organismes de Sécurité sociale (Acoss), la "banque" de la Sécu fédérant les Urssaf, devrait en effet emprunter les 7 milliards d'euros versés chaque mois aux 12,5 millions de retraités car elle n'encaisse que le 5 du mois les cotisations retraites versées aux Urssaf par les entreprises.
La Cnav a d'ailleurs fait part de ses réticences, dans un rapport que doit remettre prochainement le gouvernement au Parlement au sujet du paiement des retraites au 1er du mois.
"Il n'y a pas seulement un problème de trésorerie de la Sécurité sociale, il y a également des risques systémiques", a déclaré à l'AFP Pascale Robakowski, l'agent comptable de la Cnav, faisant allusion aux réticences exprimées par les banques qui ont déjà à gérer un grand nombre de virements en début de mois.
"Actuellement, les retraités sont payés le 9, certains estiment que c'est tardif, mais c'est très régulier. Jusqu'à présent, la branche retraites a toujours honoré les échéances, il n'y a jamais eu d'incident majeur ", a-t-elle souligné.
Quant au coût pour la branche retraites d'une telle mesure, Mme Robakowski n'a pas démenti la fourchette de 60 à 80 millions d'euros évoquée par la députée de la Réunion à l'Assemblée.