Renault a annoncé vendredi le recrutement sur trois ans en France de 2.000 personnes en CDI et 2.700 jeunes en alternance, embauches destinées à compenser en partie quelque 3.000 départs potentiels via un dispositif controversé de prise en compte de la pénibilité, selon des sources syndicales.
La direction a confirmé ce niveau d'embauches à l'AFP.
Les syndicats avaient demandé fin novembre, lors de l'annonce de ce dispositif pénibilité, un plan prévisionnel d'embauches en parallèle.
"C'est une bonne nouvelle, l'entreprise prend un engagement formel", même si elle l'assortit de conditions comme la compétitivité de Renault sur la période, a réagi Gérard Blondel (CFE-CGC).
Mais, pour la CGT, "cela ne compense pas les départs pour pénibilité", qui concerneront uniquement les ouvriers, employés, techniciens et agents de maîtrise.
Les embauches en CDI doivent concerner 400 ouvriers et 1.600 personnes pour l'ingénierie tertiaire (ingénieurs ou techniciens).
Pour la CFDT, "sur le plan d?embauches de 2.700 jeunes en alternance, Renault apporte une première réponse à la place prépondérante des jeunes dans l?entreprise" et "il est très important qu?une entreprise comme Renault renoue avec son rôle de formateur".
Fin novembre, le constructeur automobile avait annoncé un dispositif de départs anticipés pour pénibilité, dans le cadre d'une gestion prévisionnelle des emplois et compétences (GPEC), qui avait suscité des réserves jusque dans les rangs du gouvernement.
Le ministre du Travail Xavier Bertrand s'était dit "très réservé" sur ce "plan de départs volontaires" qui "doit dire son nom". La présidente du Medef Laurence Parisot avait épinglé un choix "étonnant" du constructeur pour ses seniors, y voyant un "signal contradictoire" par rapport à la réforme relevant l'âge de la retraite.
Le dispositif devrait consister pendant trois ans à permettre aux ouvriers et ETAM (employés, techniciens, agents de maîtrise) du groupe en France, âgés de 58 ans et plus début 2011, d'être dispensés d'activité jusqu'à l'âge de liquidation de leur retraite du régime général, sous certaines conditions de pénibilité. Ils devraient comptabiliser 15 années de travail posté (en équipe par roulement) ou avoir une incapacité permanente d'au moins 10%.
Selon la CFDT, "l?entreprise, dans les critères retenus, va un peu au-delà de ce qui est discuté actuellement au niveau du gouvernement", dans les décrets d'application de la réforme des retraites. Cela "encourage" le syndicat à se "battre pour une plus grande justice et une reconnaissance de la pénibilité en amont par la prévention et en aval par la réparation".