Plus de 130.000 logements sociaux ont été financés en 2010, un "record absolu" pour le gouvernement qui se targue d'un "effort considérable" envers les familles modestes mais ne veut pas entendre parler d'un encadrement des loyers à Paris, comme le réclame le maire.
Précisément 131.509 logements sociaux ont été financés en 2010, ce qui constitue un "record absolu depuis 30 ans", a annoncé jeudi le secrétaire d'Etat au Logement, Benoist Apparu.
Ces logements, neufs pour les trois-quarts, ne seront toutefois pas en service avant trois ou quatre ans, le temps de les construire ou de transformer des logements anciens. En 2009, quelque 71.000 logements sociaux ont été mis en service.
Pour souligner l'effort consenti, M. Apparu a rappelé qu'entre 1978 et 2003, "droite et gauche confondues", la construction de 50.000 logements sociaux était programmée chaque année.
Toutefois, "la question principale n'est pas de savoir combien on fait de logements sociaux mais où on les fait", a estimé le ministre lors d'une conférence de presse.
En l'occurrence, la part du programme consacrée aux zones "tendues", là où l'accès au logement reste difficile à cause de la cherté des loyers du parc privé, comme en Ile-de-France, est passée d'un quart à un tiers en deux ans.
L'effort a aussi été porté sur les "logements très sociaux" qui seront au nombre de 26.800, soit une hausse de 25% sur un an.
"Il faut continuer à ce rythme mais, pour cela, il faut que l'Etat maintienne ses financements", a réagi Pierre Quercy, directeur général de l'Union sociale pour l'habitat, qui regroupe les offices HLM.
Or "l'aide à la pierre" (la contribution de l'Etat au financement du logement social), qui s'élevait à 700 M d'euros il y a trois, ne devrait pas dépasser 500 millions en 2011. Mais M. Apparu a réfuté tout désengagement de l'Etat.
Le secrétaire d'Etat s'est également inscrit en faux contre l'idée que les loyers flambaient à Paris, estimant qu'il y avait une "confusion" entre les prix de vente, qui "explosent", et les loyers qui, selon l'indice Clameur, n'ont crû que de 3% en 2010 dans la capitale.
"Le vrai débat n'est pas l'encadrement des loyers", réclamé par le maire (PS) de Paris, Bertrand Delanoë, mais "de savoir comment créer une +marche intermédiaire+ entre les logements sociaux et privés", a-t-il affirmé.
"Plafonner les loyers, c'est une préconisation facile, mais j'attends qu'on me sorte l'étude d'impact", a dit M. Apparu.
Il a par ailleurs opposé une fin de non-recevoir au maire de Paris, qui a demandé au Premier ministre, François Fillon, que l'Etat maintienne sa contribution de 120 millions d'euros au financement d'environ 600 logements sociaux par an dans la capitale, sur un budget global de 450 millions d'euros.
L'Etat consacre déjà 20% de ses crédits à Paris, "on ne va pas lui donner 100% de nos crédits!", a réagi M. Apparu.
"Quand la mairie de Paris met 4 euros sur le logement social, l'Etat met un, alors que, dans les Hauts-de-Seine, quand le département met un, l'Etat met un", a réagi M. Delanoë jeudi matin.
Le maire de Paris a également dit avoir identifié des terrains appartenant à l'Etat, sur lesquels pourraient être construits 6.200 nouveaux logements sociaux d'ici 2014 dans la capitale, dont le taux de HLM est de 17,18%.
"C'est concret, c'est précis et c'est bien une différence entre la droite et la gauche", a-t-il conclu.