L'Allemagne restera la locomotive économique de la zone euro pendant les deux ans à venir, a assuré mercredi le gouvernement en livrant des prévisions de croissance optimistes, à l'orée d'une année émaillée de scrutins régionaux à risque pour la chancelière Angela Merkel.
Berlin a relevé sa prévision de croissance 2011 à 2,3% contre 1,8% attendu jusqu'ici, selon un rapport dévoilé mercredi par le ministère de l'Economie.
"Nous avançons avec des bottes de sept lieues alors que d'autres suivent en marchant en canard", a déclaré le ministre de l'Economie, Rainer Brüderle, au cours d'une conférence de presse, caractérisée par un ton volontiers triomphaliste.
Le porte-parole d'Angela Merkel a lui, au cours d'une autre conférence de presse, estimé que l'économie allemande était "une histoire à succès".
Il a par ailleurs souligné que la prévision allemande pour 2011 était "nettement supérieure à la moyenne de la zone euro".
La Commission européenne attend pour l'ensemble de la zone euro une croissance de 1,5% en 2011.
Le gouvernement français pour sa part espère une progression de 2% de l'économie du pays en 2011 et de 2,5% pour 2012, des chiffres trop optimistes pour les économistes et les institutions internationales.
"La croissance allemande est un roman-feuilleton, cela va durer", a promis M. Brüderle.
Le gouvernement de coalition entre libéraux et conservateurs de la chancelière conservatrice Angela Merkel prévoit en effet une croissance d'encore 1,8% en 2012, a déclarté M. Brüderle.
En 2010, selon des chiffres encore provisoires, la première économie européenne a affiché une croissance de 3,6% de son Produit intérieur brut, un record depuis la réunification.
Ce rebond fait suite à une récession tout aussi spectaculaire, avec un recul du Produit intérieur brut de 4,7% en 2009.
Du côté des finances publiques, l'Allemagne a enfreint l'an dernier pour la première fois en cinq ans les règles du Pacte de stabilité européen, qui interdit un déficit public de plus de 3% de la richesse globale du pays, en affichant un déficit de 3,5%.
Elle devrait revenir dans les clous cette année avec un déficit attendu à 2,5% du PIB.
De quoi permettre "un allègement fiscal encore dans cette législature", a estimé le ministre, membre du parti libéral FDP et ardent partisan de baisses d'impôt.
En 2011, l'Allemagne devrait connaître des exportations encore très dynamiques, en hausse de 6,5%, mais aussi un bond dans les mêmes proportions des importations.
Par ailleurs, et c'est nouveau, l'économie allemande va profiter dès cette année d'un réveil de la consommation privée, à la faveur d'une décrue ininterrompue du chômage.
Le gouvernement allemand prévoit un nombre moyen de chômeurs de 2,94 millions sur l'ensemble de 2011, sous le seuil très symbolique pour les Allemands de 3 millions, et cette moyenne devrait encore reculer en 2012.
Berlin s'attend à une progression de 1,6% cette année des dépenses des ménages, à prix constants, à comparer avec une hausse annuelle moyenne de 0,4% ces dix dernières années.
Ces prévisions optimistes ont de quoi réjouir la chancelière Angela Merkel, qui fait face cette année à sept scrutins régionaux à risque, susceptibles dze réduire encore sa marge de manoeuvre en modifiant les rapports de force au Bundesrat, la chambre haute du Parlement allemand.
Les succès économiques de l'Allemagne ont déjà permis au parti de la chancelière, la CDU (Union chrétienne-démocrate), de regagner ces dernières semaines le terrain perdu dans les sondages l'an dernier. Son allié, le parti libéral FDP, stagne au contraire dans les profondeurs des intentions de vote.