L'économie allemande a connu un rebond historique en 2010, affichant une croissance de 3,6%, son record depuis la Réunification, et devrait continuer à croître cette année, à un rythme toutefois moins élevé.
L'Allemagne a largement surpassé la plupart des pays développés, au-dessus de la France (1,5% prévus par le gouvernement) et de la moyenne européenne (1,8%). En Europe, seules la Suède et la Slovaquie devraient connaître des croissances supérieures, selon les prévisions européennes, note l'Office fédéral des statistiques Destatis.
La croissance allemande a été également supérieure aux taux que devraient atteindre les Etats-Unis (+2,7%) et le Japon (+3,5%). Elle reste toutefois très loin de la croissance chinoise (+10% selon les économistes).
"L'économie (allemande) est sur une bonne voie pour 2011 (...) et nous espérons atteindre le niveau d'avant-crise" cette année, a déclaré le directeur de Destatis, Roderich Egeler, lors d'une conférence de presse à Wiesbaden (ouest).
La conjoncture devrait toutefois ralentir pour s'établir au-dessus des 2%, selon la Bundesbank et la Commission européenne.
La première économie européenne semble en fait avoir déjà rétrogradé en fin d'année 2010, la faute notamment à un hiver très rigoureux, et la croissance ne devrait atteindre "qu'environ 0,5%" au quatrième trimestre, a indiqué Destatis mercredi.
Les économistes mettent en avant un timide réveil de la consommation (+0,5% en 2010). "La composition de la croissance a commencé à changer", note Andreas Rees, chef économiste chez Unicredit, "ce qui augure d'un rebond durable" de l'économie.
"L'économie allemande va rester le moteur de la zone euro", pour Carsten Brzeski d'ING, qui souligne "les faibles taux d'intérêts, le chômage en baisse, les taux de change (de l'euro par rapport aux autres monnaies, ndlr) relativement faibles et la forte demande extérieure".
La contribution des ménages à la croissance reste "mineure", note cependant son confrère Jörg Krämer, de Commerzbank.
En effet, en 2010, la performance allemande s'explique avant tout par l'appétit des pays en développement pour les voitures, produits chimiques ou machines industrielles du champion européen du commerce extérieur, qui s'est traduit par une envolée des exportations (+14,2%).
Dans le même temps, les importations ont crû de 13%.
2010 aura en tout cas sa place dans les annales de la République fédérale, comme l'année ayant connu la plus forte croissance économique depuis les premières statistiques de l'Allemagne réunifiée, en 1991.
Elle fait suite à la plus forte récession de l'après-guerre, avec un recul du PIB de 4,7% en 2009.
Les salariés ont globalement bénéficié de cette reprise, avec un chômage en baisse, à 7,7% de la population active en moyenne. Le salaire net moyen a lui progressé de 3,4%, selon Destatis, sa plus forte augmentation depuis 1993.
Cependant, la répartition des fruits de la croissance entre le capital et le travail s'est faite en 2010 au détriment de ce dernier, "alors que l'écart s'était resserré en 2008 et 2009", note Destatis.
Conséquence de la reprise économique, le déficit public s'est moins creusé que redouté. A 3,5% du PIB, il a toutefois dépassé pour la première fois depuis cinq ans la limite des 3% imposée par le Pacte européen de croissance et de stabilité.
L'objectif du gouvernement est de revenir en dessous de cette limite en 2011.