L'année boursière 2010 aura été celle des contrastes, avec d'un côté le dynamisme de Wall Street et des pays émergents et de l'autre la morosité de Paris et d'autres places européennes, victimes d'une crise de la dette qui pourrait encore réserver de mauvaises surprises en 2011.
Toutes les places boursières n'ont pas été en mesure de prolonger le franc rebond qu'avait connu le marché mondial en 2009, après une année 2008 minée par la crise financière.
"Du point de vue macroéconomique, on a réussi à stabiliser le malade mais tout est loin d'être résolu. On est au milieu du gué", résume Yves Marçais, vendeur d'actions chez Global Equities.
Le marché le plus suivi, Wall Street, a réussi le tour de force d'enchaîner une seconde année de bonne facture, porté par les mesures exceptionnelles de la Réserve fédérale américaine (Fed) et des signaux macroéconomiques encourageants en fin d'année.
L'indice vedette Dow Jones a gagné 11,02% sur l'année, l'indice des valeurs technologiques Nasdaq 16,91% et l'indice élargi Standard and Poor's 12,78%.
En Europe, Francfort s'est largement démarquée (+16,06%), comme dans une moindre mesure Londres (+9%), tandis que Paris a piétiné (-3,34%). De son côté, Tokyo a lâché 3,01%.
Le Dax a servi de refuge surtout dans le contexte de fin d'année d'inquiétudes sur la dette, alors que l'Allemagne connaît une croissance plus robuste que la plupart de ses partenaires européens.
Les investisseurs des deux côtés de l'Atlantique ont été minés par la crise de la dette en zone euro, qui a frappé la Grèce au printemps et l'Irlande à l'automne.
"La crise budgétaire en zone euro n?est pas qu?un problème régional", indiquent les analystes de Natixis qui rappellent l?exposition du monde aux actifs de la zone euro et à la croissance européenne.
En réaction, les investisseurs se sont détournés des actifs les plus risqués, au premier rang desquels les Bourses des pays fragiles de la zone euro comme Madrid (-17,43%), Lisbonne (-10,34%), Athènes (-35,62%) et Dublin (-3,02%).
L'année a été en revanche beaucoup plus profitable aux marchés émergents, comme en témoigne l'envolée des Bourses de Séoul (+21,88%) et dans une moindre mesure Hong Kong (+5,32%). Cependant, la Bourse de Shanghai a perdu 14,31%.
En 2011, la Chine devrait être plus que jamais scrutée par les investisseurs, inquiets d'un potentiel ralentissement de la croissance du pays, qui veut éviter la surchauffe.
En Amérique latine, la place de Buenos Aires a fait un bond de 51,83%, Mexico de 20,02%, alors que la Bourse de Sao Paulo a clôturé sur une hausse de 1,04%.
Au Canada, l'indice S&P/TSX de Toronto a pris 14%, grâce notamment à l'envolée des cours des métaux.
Même si les signes de reprise de l'économie mondiale se multiplient, l'ombre de la crise de la dette en zone euro plane toujours.
Cette crise était "l'un des thèmes clés en 2010 et le sera certainement encore plus en 2011", souligne Joshua Raymond, stratégiste chez City Index.
"En 2008 et 2009 on parlait de risque de faillite bancaire, mais pas des Etats. Cette année on a relevé le curseur d'un niveau", renchérit M. Marçais.
Si de nombreux problèmes restent en suspens, notamment l'équilibre entre la fin des mesures de relance et les budgets de rigueur, les investisseurs pourraient toutefois retrouver le goût des marchés actions.
D'autant que la valorisation des cours de nombreux titres reste basse et reflète encore peu l'amélioration de la rentabilité des entreprises.
"Le seul marché qui n'a pas vraiment profité de 2010, c'est le marché actions", selon M. Marçais, pour qui les places boursières pourraient séduire en 2011 les investisseurs en quête de rendement.