Sanofi-Aventis a annoncé lundi la prolongation de son OPA sur Genzyme, à un prix identique à celui de l'offre expirée vendredi, même si ce montant ne lui a pour le moment permis d'acquérir que 0,9% des actions de la société américaine spécialisée dans les maladies rares.
"Afin de donner plus de temps aux porteurs d?actions ordinaires de Genzyme pour apporter leurs actions (...), il est maintenant prévu que l?offre publique d?achat expire à 23h59, heure de New York, le 21 janvier 2011, à moins qu?elle ne soit à nouveau prolongée", a précisé Sanofi dans un communiqué.
Cette prolongation se fait à prix inchangé. A 69 dollars par action, soit 18,5 milliards de dollars (14 milliards d'euros) pour l'ensemble du capital, l'offre de Sanofi avait été jugée sous-évaluée dès son lancement en octobre par le conseil d'administration de Genzyme.
"Devant le faible nombre d'actionnaires de Genzyme ayant apporté (leurs titres) à l'offre, il nous semble étrange que Sanofi-Aventis prolonge son OPA exactement aux mêmes conditions", relèvent les analystes de CM-CIC Securities.
Si elle était supérieure au cours de l'action Genzyme dans les jours précédant cet été les premières rumeurs sur l'intérêt de Sanofi pour la société de biotechnologies, l'offre du français était depuis en deçà du cours du titre de l'américain, qui a clôturé vendredi à New York à 69,82 dollars (-0,24%).
"En prolongeant son offre au même prix, Sanofi se donne du temps pour s'assurer que s'il relève son offre, c'est à un prix qui permettra de changer les choses", note Eric Le Berrigaud, analyste chez Raymond James.
"S'ils relèvent à 71 ou 72 dollars, il faut être certain qu'à ce prix-là, le +board+ de Genzyme entrouvre la porte" et leur permette un accès aux livres de comptes, qui leur a été interdit jusqu'à maintenant, juge-t-il.
L'opposition des deux parties sur la valorisation de Genzyme repose notamment sur les difficultés à évaluer la rapidité avec laquelle l'américain se remet de graves problèmes de production sur deux de ses médicaments vedettes dus à des problèmes de contamination d'une de ses usines.
Genzyme, qui n'a trouvé aucun "chevalier blanc" pour voler à son secours, a assuré avancer vers la résolution de ces problèmes.
"Si Sanofi a effectivement accès à des données qui leur montrent que les problèmes de production peuvent être résolus dans des délais et avec un investissement raisonnables, à ce moment le groupe ira, sans quoi il se retirera probablement", avance M. Le Berrigaud.
Autre pierre d'achoppement d'importance entre les deux groupes: l'estimation des ventes futures de la molécule Campath de Genzyme contre la sclérose en plaques.
Pour contourner ce problème précis, le patron de Genzyme Henri Termeer s'est dit ouvert à la solution des certificats de valeur garantie, qui permettrait aux actionnaires de sa société de recevoir à l'avenir un complément de prix en fonction des résultats effectifs du Campath.
Sanofi ne s'est jamais prononcé officiellement sur cette solution.
Aux yeux des analystes de CM-CIC Securities, "le groupe devra soit relever son offre (vers 71 à 72 dollars par titre ?), soit proposer une solution alternative (émission d'un CVG ?) s'il veut acquérir Genzyme".
Pour voir son offre aboutir, Sanofi doit à la fois obtenir une majorité des titres de la société et obtenir l'approbation de son conseil d'administration, en vertu de la réglementation américaine.