Le patron du FMI Dominique Strauss-Kahn a plaidé mardi en faveur d'une "solution globale" face au problème de la dette dans la zone euro -qui ne peut être réglé "pays par pays" selon lui- ainsi que pour une extension des délais de remboursement du prêt accordé en mai à la Grèce.
L'Europe a besoin "de quelque chose de plus dynamique" pour résoudre le problème de la dette dans la zone euro, une "solution globale" qui ne soit pas appliquée "pays par pays", a déclaré mardi le directeur général du Fonds monétaire international (FMI) devant une commission du Parlement grec.
Selon lui, la crise a mis en lumière un "défaut de gestion" au sein de la zone euro découlant de l'absence de politique budgétaire commune.
En visite en Grèce pour la première fois depuis l'éclatement de la crise de la dette souveraine il y a un an, suivie par l'octroi par l'Union européenne et le FMI d'un prêt à la Grèce de 110 milliards d'euros sur trois ans, M. Strauss-Kahn a appelé la zone euro à allonger les délais de remboursement accordés au pays.
Selon une source au ministère grec des Finances, les Grecs devraient ainsi pouvoir rembourser jusqu'en 2024, au lieu de 2015 prévu initialement.
Mais M. Strauss-Kahn a aussi pressé Athènes de mettre en oeuvre des réformes structurelles afin de retrouver la croissance économique en 2012.
Il s'est déclaré "confiant" dans la capacité du pays à rebondir en 2012, malgré trois années consécutives de croissance négative, et a salué les efforts réalisés par le pays en un an pour assainir son économie et purger les déficits publics.
Il a toutefois souligné qu'il restait "beaucoup à faire". Pour relancer l'activité, il a cité la réforme du marché du travail et l'ouverture à la concurrence de nombreuses professions "fermées" dans le secteur des services.
Ces réformes contestées par les syndicats qui ont manifesté à Athènes pendant la visite de M. Strauss-Kahn font partie du deuxième volet de mesures d'austérité préparées par le gouvernement socialiste, avec également des privatisations, une réorganisation des hôpitaux, ou encore une refonte de l'enseignement supérieur.
Alors que des manifestants de gauche criaient à l'extérieur du Parlement des slogans le qualifiant d"indésirable", M. Strauss-Kahn a lancé qu'il aurait "peut-être été avec eux" s'il avait été grec.
La Grèce, qui a déjà reçu 30 milliards d'euros en deux versements sur le total du prêt, est dépendante du lancement des nouvelles mesures pour obtenir le déblocage, prévu en février, d'une nouvelle tranche de 15 milliards d'euros.
L'objectif pour le pays reste d'assurer seul le service de sa dette en évitant si possible une restructuration générale, et de pouvoir retourner dès 2011 sur le marché des obligations à long terme, d'où il est exclu depuis le printemps.
Plus largement, M. Strauss Kahn a exprimé "l'espoir que les institutions européennes soient capables de fournir" une "solution globale" et non pays par pays au problème de la dette.
"Je ne pense pas qu'il y ait un risque de voir l'Allemagne se dégager de la zone euro, les Allemands sont réellement engagés vis-à-vis de la zone euro" a-t-il assuré.
Les pays européens ont discuté ces derniers jours de l'éventualité de relever le plafond du Fonds de secours pour les pays de la zone euro afin de rassurer les marchés sur la capacité de l'Europe à faire face à d'autres crises financières après la Grèce et l'Irlande, mais la décision a été repoussée à plus tard.
Mis en place au printemps, ce Fonds est constitué de 440 milliards d'euros de garanties de prêts des pays de la zone euro, complétés par 250 milliards d'euros de prêts du FMI et par 60 milliards d'euros de prêts de l'Union européenne.