Faisant fi d'un marché atone, Bull a bondi jeudi de 5,44% à 3,49 euros. Autrefois au bord de la faillite, le groupe spécialisé dans le développement, la construction et l'intégration de matériels et de systèmes informatiques est en train de se dessiner un avenir prometteur. Pour preuve, Bull vient de signer un contrat de taille avec Dassault Aviation. Le géant de l'industrie aéronautique vient ainsi d'acquérir deux supercalculateurs Bull basés sur des serveurs lame bullx. Ils seront utilisés dans le cadre de travaux de simulation numérique.
« Ce nouveau projet témoigne de la capacité de Bull à répondre aux exigences des environnements de calcul scientifique les plus élevées, notamment en termes de performance et de fiabilité, déclare Pascal Barbolosi, vice-président extreme computing de Bull. Nos équipes savent répondre aux besoins les plus complexes, très rapidement, en associant les serveurs bullx les plus performants avec notre environnement logiciel basé sur l'open source, pour bâtir des supercalculateurs aussi puissants que fiables. C'est ce qui permet à Bull de se distinguer clairement sur ce marché hautement concurrentiel. »
Ce n'est pas une première pour Dassault Aviation, qui utilise des supercalculateurs Bull depuis 2003. Les deux compagnies entretiennent ainsi d'étroites relations. Un élément qui a permis à Bull de proposer des clusters parfaitement adaptés aux besoins de Dassault Aviation.
Outre ce contrat, Bull a annoncé hier qu'il poursuivra en 2011 sa politique de recrutement. Le groupe envisage de recruter 1000 personnes supplémentaires, dont plus de 400 en France, (dont la moitié en Ile de France). Bull recrute également des collaborateurs en Espagne (90 personnes), au Maroc (75 personnes) et en Amérique du Sud (40 personnes).
AOF - EN SAVOIR PLUS
=/Les points forts de la valeur/=
- Après des années difficiles, Bull opère une profonde mutation en mettant l'accent sur les services, le calcul scientifique et le stockage de données. Le groupe n'est plus très loin de réaliser 50% de son chiffre d'affaires dans les services, comme il s'y était engagé.
- Dans l'intégration de systèmes, le groupe bénéficie de son savoir-faire reconnu dans les logiciels libres. C'est également le cas dans le stockage de données avec la dernière innovation du groupe : Globull, un disque dur externe sécurisé destiné aux administrations et aux entreprises.
- Bull se concentre sur des marchés de niche comme le calcul haute performance.
- La situation financière est très rassurante, avec une solide trésorerie.
=/Les points faibles de la valeur/=
- Comme nombre de ses concurrents, Bull souffre d'une conjoncture plus difficile pour les logiciels d'intelligence décisionnelle ou de relations clients.
- L'un des défis de Bull reste l'amélioration de sa rentabilité. Le groupe doit pour cela améliorer sa productivité et négocier le passage de la convention collective de la métallurgie à celle du Syntec, appropriée à son activité.
- Le projet d'acquisition d'Amesys a surpris le marché. Cette acquisition, jugée chère, est un pari audacieux. Le groupe va se lancer dans deux nouveaux métiers : les produits électroniques et le conseil en R&D.
=/Comment suivre la valeur ?
- Il est important de surveiller de près l'évolution de la politique d'investissement des grands clients du groupe afin d'appréhender la tendance du marché. Il convient notamment de s'assurer de la bonne résistance de l'activité de services.
- En outre, dans une SSII, l'essentiel des charges d'exploitation provient des salaires. A ce titre, l'effectif et le temps de mission des consultants sont des indicateurs importants. Ainsi, particulièrement en période difficile, le taux d'intercontrat est à surveiller.
- L'acquisition d'Amesys pourrait largement régler la question de l'actionnariat de Bull. Avec 20% du capital si la transaction aboutit, Crescendo Industries, ancien actionnaire d'Amesys, deviendra le premier actionnaire de Bull. Le caractère spéculatif de Bull s'en trouverait réduit.
- Les dirigeants de Bull continuent d'étudier des acquisitions. Des cessions sont aussi possibles.
LE SECTEUR DE LA VALEUR
Informatique - SSII
Les professionnels estiment que 2010 devrait être une année de transition car les carnets de commandes des sociétés françaises sont à nouveau remplis et que les clients dégèlent progressivement les prises de décision. Ils prévoient donc que le marché des logiciels et services devrait croître de 2,2% en France comme au niveau mondial, après un recul d'un peu plus de 3% en 2009. La reprise sera moins vigoureuse en Allemagne où elle n'atteindra que 1,6% et au Royaume-Uni où elle s'établira à 1,4%. La relance de l'emploi du secteur en France, qui a été entamée à la fin du second trimestre, devrait donc se poursuivre.