La Grèce va devoir redoubler d'efforts en 2011, selon le projet de budget présenté jeudi, pour rester dans les clous du plan de redressement dicté par l'Union européenne et le Fonds monétaire international en échange de son sauvetage financier.
Les mesures d'austérité inscrites dans le budget 2011 s'élèvent à 14,3 milliards d'euros, contre 8,2 milliards d'euros prévus dans la feuille de route de rigueur imposée au pays par l'UE et le FMI, a annoncé le ministère grec des Finances.
Grâce à ses mesures supplémentaires de 6,1 milliards d'euros, la Grèce compte ramener son déficit public à 7,4% du PIB fin 2011, mieux même que l'objectif de 7,6% fixé par l'UE et le FMI. La récession devrait se poursuivre en 2011, avec un recul du PIB de 3%.
L'enjeu est "le respect total de nos engagements pour que continue le versement sans problème du prêt" de 110 milliards d'euros sur trois ans consenti au pays par l'UE et le FMI en mai, a souligné le ministre des Finances, Georges Papaconstantinou.
Selon le ministre, l'effort supplémentaire va "cibler les vraies pathologies du secteur public", après un premier train de mesures au printemps dernier centré sur les coupes dans les salaires des fonctionnaires et des retraites, ainsi que sur une hausse des taxes.
"Le problème n'est pas la pension du petit retraité (...) nous nous attaquons au noyau dur de l'Etat, c'est-à-dire aux grands déficits des entreprises publiques, au gaspillage dans les hôpitaux, et les caisses d'assurance santé, et à la fraude fiscale", a-t-il insisté.
Il a chiffré à quelque 800 millions d'euros les économies attendues de l'assainissement des entreprises publiques, dont les transports urbains et l'électricité, sans exclure des réductions d'emplois dans ces bastions syndicaux, en sus des coupes salariales prévues.
En dépit de la grogne sociale latente dans le pays, la Grèce a dû se résoudre à ce nouveau tour de vis après la révision à la hausse cette semaine de son déficit pour 2009 par Eurostat, qui a relevé le déficit pour 2010 à 9,4% du PIB, contre 8,1%.
"Les mesures et chiffres que nous annonçons ne sont pas seulement des estimations, ils ont été convenus avec la troïka", a souligné M. Papaconstantinou, reprenant le terme désignant le trio de représentants européens et du FMI, qui poursuivent à Athènes leur contrôle trimestriel des comptes grecs.
Les grandes centrales syndicales du privé et public, GSEE et ADEDY, ont réagi en annonçant un arrêt de travail commun de trois heures jeudi prochain, et en confirmant leur mot d'ordre de grève générale de 24H -- le septième depuis le début de l'année -- pour le 15 décembre, quand le budget sera soumis au vote.
Au chapitre des recettes, qui doivent dépasser 6 milliards d'euros, le projet de budget étend à des nouveaux produits et services les hausses de TVA imposées ces derniers mois, avec une hausse de 11 à 13% et de 5,5% à 6,5% selon les catégories.
L'inflation, qui s'est envolée ces derniers mois, atteignant 5,2% en octobre, doit par ailleurs être ramenée à 2,2%.
Toutefois, pour relancer l'économie, les services hôteliers bénéficieront d'une TVA réduite à 6,5%, contre 11% actuellement, et le montant des investissements publics restera au même niveau qu'en 2010, soit 8,5 milliards.
Le gouvernement compte aussi lancer dans le courant de l'année son programme de privatisations, avec notamment la vente prévue de 4 Airbus A340 au premier trimestre 2011, et l'entrée de partenaires stratégiques dans les entreprises publiques d'armement, ferroviaire et minière.