Après un léger ralentissement, la croissance de la France devrait progressivement se redresser mais le chômage restera à un niveau élevé, selon les nouvelles prévisions publiées jeudi par l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), revues en baisse.
L'OCDE table désormais sur une croissance en France de 1,6% en 2010, 1,6% également en 2011 et 2% en 2012.
Dans ses dernières "Perspectives économiques" publiées en mai, elle prévoyait pour la France une hausse du produit intérieur brut (PIB) de 1,7% cette année et 2,1% l'an prochain.
Sauf pour cette année, c'est moins que les prévisions du gouvernement, qui a inscrit dans son projet de budget une prévision de 1,5% en 2010, 2% en 2011 et 2,5% par an entre 2012 et 2014.
L'entourage de la ministre de l'Economie Christine Lagarde a tenu à réaffirmer, auprès de l'AFP, que Paris maintenait ses prévisions, assurant que "l'analyse de fond de l'OCDE sur la France" restait "positive".
Alors que de nombreux instituts de conjoncture et économistes avaient, au cours des derniers mois, jugé les prévisions françaises trop optimistes, le gouvernement s'était souvent raccroché aux prévisions de l'OCDE.
L'organisation prévoit que le déficit public de la France s'établira à 6,1% du PIB en 2011 et 4,8% en 2012. Le gouvernement prévoit, lui, de ramener son déficit de 7,7% cette année, un record, à 6% l'an prochain et 4,6% en 2012.
La différence s'explique par des hypothèses de croissance divergentes, note l'OCDE.
L'organisation, qui s'attend à un ralentissement de la reprise mondiale en 2011, très marqué aux Etats-Unis, pense toutefois que la croissance en France devrait accélérer progressivement grâce à l'investissement des entreprises et aux exportations. La consommation privée devrait aussi se redresser régulièrement.
Une très grande incertitude entoure à la fois l'activité économique à l'étranger et l'évolution des taux de change, relève toutefois l'OCDE.
Le taux de chômage, qui a atteint un "point haut", à 10% de la population active, devrait s'élever à 9,7% en 2010, et ne baisser qu'assez peu, selon le rapport, qui table sur un chômage à 9,5% l'an prochain et 9,3% en 2012. Le gouvernement, lui, s'est fixé l'objectif de le ramener nettement sous la barre des 9% fin 2012.
L'OCDE adresse un satisfecit à Paris qui, pendant la crise, s'est efforcé de "préserver le lien des travailleurs licenciés avec le marché du travail".
La réforme des retraites qui vient d'être adoptée devrait, selon l'OCDE, augmenter le taux d'activité des seniors tout en contribuant à une amélioration structurelle des finances publiques.
D'autres mesures vont contribuer à l'assainissement budgétaire du pays (fin des mesures de relance, baisse des niches fiscales et des dépenses courantes...) mais pour l'OCDE, de nouvelles mesures sont nécessaires.
Pour l'organisation, il faut notamment freiner la tendance à la hausse des coûts de santé, approfondir la réforme de l'Etat, couper encore dans les niches fiscales, et augmenter les taxes environnementales ou les prélèvements sur la propriété.
"Les résultats médiocres de la France dans la réalisation des objectifs de ses programmes de stabilité successifs montrent que le cadre budgétaire devrait être renforcé", estime l'OCDE. Elle plaide notamment pour la mise en place d'un Conseil budgétaire indépendant, chargé des prévisions macroéconomiques et du contrôle de l'exécution budgétaire.