Eleveurs bovins, industriels et distributeurs ont trouvé un accord mercredi, après des mois d'absence de dialogue, sur une petite hausse des prix de la viande pour les éleveurs, ouvrant la voie à la levée du blocus des abattoirs du groupe Bigard, numéro un du secteur.
"Nous avons obtenu de 2 à 5 centimes d'euros le kilo. C'est le premier pas", a annoncé Pierre Chevalier, président de la Fédération nationale bovine (FNB).
Les éleveurs réclament une hausse de 60 centimes le kilo de viande, payé aujourd'hui trois euros en moyenne, faisant valoir que ce prix est resté stable depuis 15 ans alors que le consommateur a vu lui sa note s'envoler de 40%.
Si cette hausse semble faible, les éleveurs considèrent eux que "5 centimes d'un coup c'est extrêmement important", a expliqué Dominique Barrau, secrétaire général du syndicat agricole FNSEA.
Car elle marque, selon lui, "un renversement de tendance" après des années de prix en berne pour les éleveurs et d'absence de dialogue avec le leader du secteur, le groupe Bigard. "60 centimes, c'est l'objectif dans la durée", a-t-il ajouté.
Satisfait de cet accord, les éleveurs se sont engagés à lever les barrages qui bloquent une dizaine d'abattoirs en posant toutefois deux conditions: que la hausse de 2 et 5 centimes obtenue soit répercutée sur la grille de cotation du groupe Bigard et que l'entreprise renonce à ses procédures en référé contre des éleveurs.
"Nous sommes convenus qu'en même temps que les procédures seraient levées, nous étions prêts à lever les blocages, au plus tard demain à 17H00", a affirmé M. Barrau.
Quelque 1.500 éleveurs bloquent depuis dimanche soir neuf abattoirs du groupe Bigard qui représente 42% du marché des abattoirs en France. Le groupe de Quimperlé (Finistère), fondé en 1968, est aussi omniprésent sur le marché du steak haché, via sa marque Charal.
Ce bras de fer auquel s'est joint la Confédération paysanne, d'ordinaire rivale de la FNSEA, avait forcé le ministre de l'Agriculture, Bruno Le Maire, à intervenir pour tenter de renouer le dialogue entre éleveurs, industriels et distributeurs. Il avait nommé mardi un médiateur, Loïc Gouello, inspecteur général au ministère.
Une première réunion de l'interprofession avait eu lieu mercredi dans la matinée, une première depuis des mois, mais n'avait pas abouti.
Seul absent notable, Jean-Paul Bigard, président du Syndicat national des Industriels de la Viande (SNIV), qui s'est fait représenté par le directeur général de son groupe.
La participation de Jean-Paul Bigard était pourtant attendue par les producteurs. Ces derniers ont, à de nombreuses reprises, dénoncé la "politique de la chaise vide" de Jean-Paul Bigard alors même que celui-ci occupe une place de premier plan dans le secteur et dans l'interprofession.
M. Le Maire, avait lui-même souligné que M. Bigard avait "donné son accord et son engagement formel pour participer à toutes les réunions de l'interprofession auxquelles, en tant que président du SNIV, il ne participait plus depuis des mois", qualifiant cette promesse de "progrès tout à fait considérable".
Il avait dressé une "feuille de route" dont le premier point porte sur "une remontée très rapide des prix" de la viande, compte tenu de "la situation intenable" des éleveurs.
Le ministre s'est félicité de cet accord et "souhaite que ce dialogue constructif (...) se poursuive dans les jours prochains".