Total a enregistré au troisième trimestre un nouveau bénéfice colossal dopé par la remontée des prix du pétrole, mais le groupe a estimé que la grève contre la réforme des retraites, qui a paralysé ses six raffineries françaises, lui avait coûté 100 millions d'euros.
Le première entreprise française par la capitalisation boursière a vu ses profits flamber de 35% pour s'établir à 2,5 milliards d'euros.
Sur les neuf premiers mois de l'année, son bénéfice atteint 7,7 milliards d'euros, soit une hausse de 36% par rapport à la même période de 2009.
La troisième compagnie pétrolière européenne après Shell et BP surfe sur la vague ascendante des cours du pétrole brut qui ont pris 13% en un an, et valaient 76,9 dollars au troisième trimestre de cette année.
Au-dessus de 60 dollars, une hausse du cours du baril de pétrole brut de 1 dollar fait gonfler le bénéfice opérationnel de Total de 110 millions d'euros.
Le géant pétrolier bénéficie en outre de la montée en puissance de certains gisements nouvellement mis en exploitation, tels qu'Akpo au large du Nigeria, Tahiti dans le Golfe du Mexique ou Tombua-Landana dans les eaux profondes angolaises.
Total a ainsi pompé 2,3 millions de barils de pétrole et de gaz chaque jour au 3e trimestre, un chiffre en hausse de 4,3% depuis un an.
Son chiffre d'affaires s'est établi à 119,1 milliards d'euros sur neuf mois, en hausse de 25%.
Les résultats de la "major" de l'or noir sont conformes, voire légèrement supérieurs, aux attentes des analystes financiers. Mais plusieurs d'entre eux notent que le groupe français souffre de la comparaison avec certains de ses homologues, tel que l'anglo-néerlandais Shell, qui a vu sa production augmenter plus fortement que Total (+5%) sur le trimestre écoulé.
Par ailleurs, le groupe a donné une première estimation du coût du mouvement social contre la réforme des retraites, qui devrait peser sur ses résultats du quatrième trimestre.
"Approximativement, cela a eu un coût de 5 à 6 millions d'euros par jour. Et notre estimation actuelle est un coût total d'environ 100 millions d'euros", a déclaré son directeur financier, Patrick de la Chevardière au cours d'une conférence téléphonique.
Le groupe avait arrêté une première raffinerie à La Mède (Bouches-du-Rhône) le 10 octobre à cause de la grève des terminaux pétroliers de Fos-Lavéra qui la privait d'approvisionnement en brut. Il a ensuite arrêté ses 5 autres unités dans la semaine du 12 octobre. Vendredi après-midi, toutes ses raffineries avaient voté la reprise du travail.
La grève va encore détériorer la santé d'un secteur qui ne représente déjà plus qu'une infime partie des bénéfices de Total. Dans l'activité raffinage et de la distribution de carburants, le groupe pétrolier a réalisé un bénéfice de 264 millions d'euros au 3e trimestre alors qu'il empochait 2,1 milliards d'euros dans sa branche d'exploration et de production de pétrole.
Au 3e trimestre, "le raffinage était négatif mais la commercialisation (de carburant) a bien +performé+", a indiqué M. de La Chevardière.
Aucun jour de grève ne sera payé aux salariés de Total ayant cessé le travail, parfois pendant plus de deux semaines, dans le cadre du conflit sur les retraites, a-t-on appris vendredi de sources concordantes.
L'Union française des industries pétrolières (Ufip) a évalué à "des centaines de millions d'euros" le coût de la grève pour l'ensemble de l'industrie pétrolière. "C'est gigantesque pour un seul secteur industriel", a souligné Jean-Louis Schilansky, président du syndicat patronal.