L'Assemblée nationale a adopté mardi, en première lecture, le volet recettes du projet de budget pour 2011, qui prévoit un déficit de près de 92 milliards d'euros (91,62 mds d'euros), contre 152 milliards en 2010 après la crise.
Sans aucune surprise, la majorité UMP-Nouveau centre a fait le plein de voix (333) face à l'opposition (221).
François Bayrou (MoDem) a voté contre tandis qu'un seul député UMP s'est abstenu: René Couanau, l'un des premiers (dès 2009), à l'UMP, à avoir demandé la suspension du bouclier fiscal.
L'exécutif a renvoyé à juin 2011 toutes les mesures portant sur la suppression du bouclier et le réaménagement de la fiscalité sur les revenus du patrimoines (ISF...).
Soixante milliards d'économie: tel était l'objectif principal du gouvernement pour 2011, après la facture de la crise en 2010 (pertes de rentrées fiscales et coût du plan de relance).
Par diverses mesures, les députés sont parvenus à améliorer le déficit prévisionnel de quelque 380 millions d'euros - soit moins de 1% de l'effort initial.
Le grand public va surtout retenir que la facture d'électricité risque à nouveau de grimper de 3% en janvier pour financer le coûteux développement de l'énergie solaire.
Le gouvernement a en effet accepté un amendement permettant de relever la "contribution au service public de l?électricité" (CSPE).
Cette taxe, payée par chaque consommateur, finance notamment le développement de l'électricité photovoltaïque. Dans le même temps, l'Assemblée a voté la réduction des crédits d'impôt de 50 à 25% pour les dépenses dans le photovoltaïque à compter du 29 septembre 2010.
"L?environnement n?a pas de prix, mais il a un coût. Il faut l?assumer quand on apporte son soutien à une politique", a glissé le ministre du Budget, François Baroin.
Ce dernier a par ailleurs renvoyé à un décret une éventuelle hausse des amendes de stationnement. Ces amendes seront bien relevées "d'ici la fin de l'année", mais dans une fourchette comprise "entre 15 et 20 euros", tandis que les députés veulent les faire passer directement à 20 euros.
Au fil de la discussion, M. Baroin a assuré que le budget 2011 ne prévoyait pas de hausses généralisées d'impôts, juste des réductions de niches fiscales.
Le député PS Pierre-Alain Muet a au contraire parlé d'un "budget de rigueur et d'austérité qui va peser sur la croissance et la consommation", estimant que "les classes moyennes paient la facture du sarkozysme".
Quant au Nouveau centre (NC, partenaire de l'UMP), comme chaque année, il a encouragé le gouvernement à aller "plus loin" dans la réduction des déficits et des niches fiscales - tout en votant pour comme un seul homme.
L'examen va maintenant se poursuivre au Sénat.
Le gouvernement espère revenir sur les mesures adoptées contre son avis par les députés (taux de réduction de l'ISF au titre de l'investissement dans les PME, que l'Assemblée a ramené de 75 à 50%).
L'Assemblée a aussi adopté le projet de loi de finances pluri-annuelle 2011-2014 par sensiblement le même score (336 voix contre 220).
Les députés vont désormais examiner pendant plusieurs semaines le volet dépenses du budget, mission par mission. L'ensemble du budget doit faire l'objet d'un vote en première lecture le 17 novembre avant son passage au Sénat. Comme chaque année, le marathon budgétaire sera bouclé vers le 20 décembre.