Plusieurs grands noms de l'industrie européenne, dont les allemands Bayer et BASF, et les français Lafarge et GDF-Suez, ont financé des sénateurs américains niant les dangers du réchauffement climatique, selon un rapport que publie lundi le Réseau action Climat (RAC) d'Europe.
Ce document, dont l'AFP a obtenu une copie, révèle que "les plus gros pollueurs européens", selon le RAC, ont versé plus de 306.000 dollars en 2010 à des sénateurs climato-sceptiques ou opposants à la loi sur le climat aux Etats-Unis.
Le rapport de ce réseau de 130 organisations non-gouvernementales engagées dans la lutte contre le changement climatique, est basé sur des chiffres publiés en octobre par la Commission fédérale électorale américaine à l'occasion des élections à mi-mandat du président Barack Obama le 2 novembre. Ils détaillent les sommes reçues par chaque sénateur et le nom du donateur.
"Un groupe des plus gros producteurs de dioxyde de carbone (CO2) en Europe finance les campagnes politiques de certains des plus fervents opposants à l'action contre le changement climatique au sein du Sénat", affirment les auteurs du rapport.
Ils soulignent que "ces entreprises européennes font en même temps du lobbying contre des réductions drastiques de ces émissions (de gaz à effet de serre) en Europe avec l'argument qu'il ne faut rien faire avant toute action des Etats-Unis en la matière."
Selon le RAC, il s'agit de "sabotage à l'échelle mondiale parce que l'absence d'action aux Etats-Unis a été l'une des principales raisons de l'échec" du Sommet de Copenhague en décembre dernier.
Le rapport affirme que le cimentier français Lafarge, responsable de l'émission l'an dernier de 15 millions de tonnes d'équivalent CO2, a versé 34.500 dollars, et GDF-Suez 21.000 dollars aux élus américains climato-sceptiques ou opposés à l'instauration d'un marché du carbone aux Etats-Unis.
Une porte-parole de Lafarge a indiqué à l'AFP ne pas savoir "à quoi cette somme fait référence" avant de souligner l'engagement du groupe "en faveur d'actions de la réduction de NOS émissions de CO2".
Le plus généreux donateur du groupe, selon le rapport, a été le groupe pharmaceutique allemand Bayer avec 108.100 dollars suivi par BASF avec 61.500 dollars.
"Ce ne sont pas des dons d'entreprise, a expliqué pour sa part le porte-parole de Bayer, Günter Forneck, ce n'est pas l'argent de l'entreprise, c'est un système établi aux Etats-Unis selon lequel l'entreprise collecte les dons des salariés qui veulent s'engager".
Chez BASF également, un porte-parole a expliqué que ces fonds étaient rassemblés par ses salariés, au sein d'un "Political Action Committee" en précisant que "BASF ne soutient par principe aucun parti politique ou parlementaire."
Parmi les autres entreprises citées dans le document on trouve le sidérurgiste Arcelor-Mittal, le pétrolier britannique BP, le chimiste belge Solvay et le groupe énergétique allemand EON.
Selon le RAC, "ce double jeu (des industriels de l'UE) peut en partie s'expliquer par les profits extraordinaires que vont réaliser ces entreprises entre 2008 et 2012 compte tenu des objectifs de réduction actuels au niveau européen et du laxisme du marché des émissions" de ces mêmes gaz.