Au terme d'une sixième journée de grèves et de manifestations à travers toute la France, les sénateurs de gauche ont continué jusqu'au petit matin - 3h25 - à monopoliser la parole dans l'hémicycle pour dénoncer le projet gouvernemental de réforme des retraites.
Le gouvernement ayant fermé la porte à toute nouvelle modification de la réforme, les sénateurs de gauche mettent toutes leurs forces pour faire durer la discussion au delà de jeudi, nouvelle date prévue par la majorité pour le vote du texte.
Il restait encore quelque 315 amendements à examiner mercredi matin.
Alors que résonnaient encore les cris des manifestants, la gauche a accusé le gouvernement de "surdité politique". "Il va bien falloir rouvrir des négociations, a dit Martial Bourquin (PS). Le gouvernement est sourd aux manifestants mais il est tout ouïe à Mme Bettencourt et aux contribuables qui ont bénéficié du bouclier fiscal!"
Les sénateurs ont adopté un dispositif qui crée une aide à l'embauche des demandeurs d'emploi âgés de 55 ans et plus, recrutés en CDI ou en CDD d'au moins 6 mois. Selon une étude d'impact, la durée de l'aide serait de 12 mois et représenterait 14% du salaire brut; le coût budgétaire est estimé à 55 millions d'euros dans l'hypothèse de 35.000 bénéficiaires.
La gauche a fait valoir que la mesure n'apporterait aucune solution pour l'emploi des seniors et n'entrainerait qu'"un effet d'aubaine".
"Faites d'abord en sorte que les seniors ne perdent pas leur emploi!", a lancé Annie David (PCF) qui a souligné que, dans les entreprises, "les départs précoces sont devenus des pratiques courantes car ils entrainent une baisse globale des rémunérations".
Les sénateurs socialistes ont réussi à faire adopter un amendement selon lequel l'aide ne peut être accordée lorsque l'entreprise a procédé, dans les 6 mois précédents, à un licenciement économique sur le poste pour lequel est prévue l'embauche.
Les sénateurs se sont attaqués aussi à tout un volet de mesures relatives à l'épargne retraite, aussitôt dénoncée par le groupe CRC comme un moyen de développer la retraite par capitalisation.
"L'entreprise de démolition se poursuit! comment mieux nous dire que la retraite par répartition sera la retraite du pauvre?", a lancé Marie-Agnès Labarre (CRC).
"Nous y voilà! cet article pose les fondements de la retraite par capitalisation et repose la question des fonds de pensions", a déclaré Guy Fischer (CRC). Avec cet article, "il s'agit d'aller à la captation de l'épargne populaire", ont souligné plusieurs sénateurs, pointant le groupe de retraite complémentaire Malakoff-Médéric dont le délégué général est Guillaume Sarkozy, frère du président de la République.