Renault est salué par les investisseurs après l'annonce de la vente d'une importante participation dans Volvo via un placement auprès d'investisseurs institutionnels. Le titre bondit de 6,41% à 38,855 euros aujourd'hui dans un marché parisien légèrement baissier. La valeur surperforme largement l'indice européen DJStoxx du secteur automobile, qui avance de 0,89% dans le même temps. Le groupe au losange emploiera le fruit de cette transaction à réduire sa dette.
Le constructeur automobile a indiqué procéder à la vente de 302 915 940 actions B de Volvo AB, représentant la totalité des actions B détenues par Renault soit 14,9% du capital et 3,8% des droits de vote dans Volvo AB.
L'opération s'est faite au prix de 93 couronnes suédoises par titre, soit une décote de 4,2% environ. Sur cette base, cela représente un montant de 28,2 milliards de couronnes, soit une valeur indicative en euros de 3,013 milliards d'euros.
« Les fonds levés contribueront à réduire l'endettement financier net de Renault, en ligne avec l'objectif court-terme précédemment annoncé d'un endettement sous la barre des trois milliards d'euros », précise Renault dans un communiqué.
Au 30 juin, l'endettement financier net de Renault s'élevait à 4,7 milliards d'euros, en baisse de 1,3 milliard sur un an.
Mais Renault est loin de quitter le capital de Volvo à l'issue de l'opération : le groupe conservera les actions A du constructeur suédois, soit 138 604 945 actions représentant 6,8% du capital et 17,5% des droits de vote. Cette participation lui permet de demeurer l'actionnaire de référence. Renault n'anticipe pas de changement dans la composition du conseil d'administration de Volvo consécutif à cette vente.
Credit Suisse a réitéré son opinion Surperformance ainsi que son objectif de cours de 43 euros sur la valeur. Le broker estime que cette opération donne un attrait supplémentaire au titre, car elle diminue l'effet de levier et permet d'alléger les risques sur la valeur.
AOF - EN SAVOIR PLUS
Les points forts de la valeur/=
- Renault est le 5e constructeur automobile mondial suite à son alliance avec Nissan et le deuxième en France.
- Carlos Ghosn, le PDG du groupe, mène une politique très volontaire pour redresser Renault et lui permettre d'affronter la crise du secteur.
- Les performances du groupe devraient s'améliorer grâce à sa politique de réduction des coûts fixes, qui a conduit à un recul de sa masse salariale.
- Sur un marché très concurrentiel, Renault est très actif en termes de lancements.
- Le groupe accélère également son développement dans le low-cost pour gagner des parts de marché, avec le lancement d'un 44 sous sa marque roumaine Dacia.
- L'alliance Renault-Nissan devrait dégager 2 milliards d'euros de synergies supplémentaires d'ici à 2015, répartis à parts égales entre le Français et le Japonais.
- Le duo Renault-Nissan et l'allemand Daimler ont échangé 3% de leur capital. Dans la course à la consolidation, le trio ainsi formé devance General Motors et réduit l'écart par rapport aux deux leaders, Volkswagen et Toyota.
- Le constructeur ambitionne de devenir leader sur le segment des véhicules n'émettant pas de CO2. Le groupe développe avec Nissan un projet de voitures électriques. En sautant l'étape de l'hybride pour passer directement au tout-électrique, Renault veut prendre de court ses concurrents.
- Renault se positionne dans les pays asiatiques. Il va doubler ses capacités de production en Corée du sud au travers de sa filiale Renault Samsung Motors. Le marché automobile coréen est très prometteur
Les points faibles de la valeur
- En 2010, l'activité de Renault ne pourra tirer parti, comme en 2009, de l'impact positif de la prime à la casse en France.
- Renault ne s'engage pas sur des objectifs précis pour cette année en raison de la faible visibilité sur le secteur.
- Alors que PSA aborde 2010 avec de nombreux modèles à lancer, Renault a pour l'instant un programme plus pauvre, après avoir annulé certains projets. Il doit surtout capitaliser sur les lancements récents des gammes Mégane et Scénic.
- Le projet de voitures électriques risque de peser sur le cours de Renault à court terme vu les incertitudes sur la profitabilité du business model. Nissan et Renault sont, à ce stade, les seuls à s'être engagé dans une production de masse dans ce domaine. C'est un pari audacieux qui contraste avec l'approche prudente des autres constructeurs. Les pouvoirs publics, par leurs subventions, jouent un rôle déterminant.
- Les notes de crédit du groupe ont été dégradées en catégorie spéculative (junk) par Standard & Poor's.
- Renault n'a pas pu distribuer de dividende au titre de l'exercice 2009.
Comment suivre la valeur
- Les performances du groupe sont étroitement liées aux évolutions du marché automobile européen, et donc à la conjoncture économique. Renault est une valeur cyclique.
- La visibilité s'améliore sur le marché automobile européen. La tendance de 2011 sera déterminante.
- La principale priorité du constructeur est d'atteindre un free cash flow positif avec une augmentation des parts de marché dans ses principaux marchés.
- Le marché ne valorise pas aux cours actuels l'activité automobile du groupe. Une cession de Volvo constituerait clairement un catalyseur venant souligner la faible valorisation de Renault. A elle seule, cette participation représente plus de 40% de la capitalisation du groupe. Mais cela ne semble pas à l'ordre du jour.
- Sur le long terme, le projet de voitures électriques et l'élargissement de l'alliance Nissan-Renault seront les catalyseurs du titre.
- Le programme de cessions immobilières est à suivre car il aura un impact sur la flexibilité financière du groupe.
LE SECTEUR DE LA VALEUR
Automobiles - Constructeurs
En France, les constructeurs s'attendent à une poursuite du recul du marché du fait des réductions successives de la prime à la casse mais aussi d'une mauvaise conjoncture générale (remontée des prix, chômage élevé et déficit public). Selon le Comité des Constructeurs Français d'Automobiles (CCFA), si le marché va connaître un ralentissement sur la seconde partie de l'année, les ventes d'automobiles neuves pourraient totaliser 2,06 millions d'unités cette année, et non plus 2 millions de véhicules comme prévu initialement. En Europe, les prochains mois s'annoncent difficiles pour le marché automobile car l'indice de confiance des ménages est clairement orienté à la baisse partout en Europe. Sur l'ensemble de l'année, la baisse devrait approcher les 10% à 13,5 millions de véhicules (lors du pic de 2007, le marché atteignait 15,57 millions de véhicules). En revanche, le marché mondial devrait s'accroître grâce notamment à l'Inde, au Brésil et à la Chine. Selon les spécialistes, le bond pourrait atteindre 20% dans ce pays.