Fini les raids éclairs, place à la guerre d'usure. Après Sanofi, qui n'est pas pressé d'absorber Genzyme, c'est au tour du géant du BTP et de l'énergie espagnol ACS de jouer avec le temps. Ce dernier a délibérément formulé une offre trop basse sur le constructeur allemand Hochtief, dont détient déjà 30%, dans l'espoir qu'elle soit rejetée. De cette façon, ACS respecte le droit allemand qui l'oblige à faire une offre sur la totalité de Hochtief s'il dépasse le seuil des 30% tout en se ménageant la liberté de monter progressivement au capital à moindre frais.
Cette tactique avait été adoptée par Porsche lorsqu'il avait tenté de racheter Volkswagen en 2007.
A Madrid, les investisseurs saluent cette stratégie : ACS gagne 1,66% à 36,42 euros. De son côté, Hotchief, qui a clôturé sur un gain de 5,58% hier, s'adjuge 1,80% à 60,52 euros malgré l'absence de prime offerte par ACS.
Le groupe espagnol propose huit actions ACS pour 5 titres Hochtief. Sur la base du cours de clôture de mercredi, l'offre valorise Hotchief à 55,68 euros par action, soit 1,1% de moins que le cours de clôture de mercredi, a souligné Reuters.
Selon le journal espagnol ABC, qui avait anticipé l'offre dans son édition de jeudi, ACS devrait utiliser l'équivalent d'environ 16% de son capital pour payer les actionnaires de Hochtief, en utilisant les actions propres qu'il détient déjà (6% du capital) et en réalisant une petite augmentation de capital pour les 10% restants.
Pour les analystes, le groupe espagnol, qui cherche par ailleurs à se recentrer sur le BTP, s'intéresse particulièrement au cash flow de Leighton, la filiale australienne d'Hotchief. Cette dernière lui faciliterait en outre effet l'accès aux pays asiatiques.
(P-J.L)
AOF - EN SAVOIR PLUS
LE SECTEUR DE LA VALEUR
Construction - BTP
Selon la Fédération française du bâtiment, après un recul de 7,8% en 2009, l'activité devrait à nouveau fléchir de 3% en 2010. Cette tendance négative pourrait entraîner la destruction de 20.000 à 25.000 postes. 50.000 emplois ont déjà disparu l'an passé sur un effectif total de 1,2 million de salariés à fin 2009. La profession du BTP s'attendait à ce que le plan de relance mis en place par le gouvernement ait un impact important sur les mises en chantier mais cela n'a pas été le cas en 2009. La construction de logements représente 35% de l'activité du bâtiment c'est pourquoi l'indicateur des mises en chantier est scruté par la profession. La situation paraît s'améliorer début 2010 car le nombre des mises en chantier de logements neufs a grimpé à 75.411 pour la période allant de février à avril 2010, correspondant à une légère augmentation de 0,6% comparé à la même période de 2009. En outre, les 100.000 éco-prêts à taux zéro accordés, fin mars 2010, à des particuliers vont entraîner 2,5 milliards d'euros de commandes de travaux.