Les actionnaires de Fiat ont donné le coup d'envoi jeudi à "un nouveau chapitre de l'histoire" du groupe italien en approuvant la scission du groupe, opération stratégique destinée à aider Fiat à grimper dans la hiérarchie de l'automobile avec son partenaire Chrysler.
Cette opération de scission va permettre "à notre entreprise de commencer un nouveau chapitre de son histoire" et "de résoudre une des questions stratégiques qui (...) a été une épine dans le flanc de Fiat", a déclaré le directeur général Sergio Marchionne.
John Elkann, 34 ans, président de Fiat et petit-fils de l'"Avvocato" Gianni Agnelli, patron légendaire du groupe, a salué de son côté une journée "historique".
L'opération passe par la création d'un nouveau groupe baptisé Fiat Industrial qui regroupera Iveco (camions et bus), CNH (engins agricoles et de construction) et les moteurs d'engins et de bateaux.
Il sera coté à la Bourse de Milan à partir du 3 janvier 2011. M. Marchionne en sera le président tandis que les patrons de CNH et d'Iveco en seront les directeurs généraux.
Les activités automobiles, qui rassemblent les marques Fiat, Lancia, Alfa Romeo, Ferrari et Maserati, les moteurs et les composants, resteront au sein de Fiat, tout comme la presse (journal La Stampa notamment).
Chaque actionnaire de Fiat recevra une action de Fiat Industrial. La famille Agnelli détiendra 30,4% des deux groupes.
Garder dans le même groupe des activités aussi différentes n'avait "plus de raison d'être" car le redressement de Fiat est "achevé" et la branche automobile n'a "plus besoin de béquilles" depuis son partenariat avec l'américain Chrysler, a argumenté M. Marchionne.
Etre un "pur" constructeur automobile aidera Fiat à tenir son pari de constituer avec Chrysler l'un des plus grands groupes automobiles mondiaux, capable de produire plus de 6 millions de véhicules en 2014 contre moins de 4 millions actuellement.
"C'est un très beau jour pour la (branche) auto" qui "pourra choisir son destin sans se préoccuper des conséquences" pour les autres activités et "aura la totale liberté d'évoluer avec qui elle veut", a souligné le patron.
L'opération facilitera en effet les alliances ou les fusions, ce qui amène de nombreux observateurs à penser que Fiat a la volonté de fusionner un jour avec Chrysler.
Le groupe italien, qui détient pour l'heure 20% du capital de l'américain, doit monter à 25% à la fin de l'année puis à 35% d'ici fin 2011 et dispose d'une option pour éventuellement prendre la majorité du capital à terme.
La scission n'aura pas d'impact sur les effectifs de Fiat qui compte 190.000 salariés, dont 80.000 en Italie. Elle assurera un avenir "plus sûr" aux employés, a affirmé M. Marchionne, qui a toutefois appelé une nouvelle fois l'Italie à s'adapter à la "concurrence".
Le patron conditionne en effet le doublement de la production en Italie à la révision des contrats de travail afin de permettre plus de "flexibilité" mais le puissant syndicat Fiom est vent debout contre cette requête.
Sur le plan financier, Fiat a affiché des objectifs ambitieux pour les deux sociétés. Le chiffre d'affaires de Fiat, qui devrait être de plus de 32 milliards en 2010, devrait doubler à 64 milliards en 2014 tandis que celui de Fiat Industrial devrait passer de plus de 19 milliards à 29 milliards.
A la Bourse de Milan, Fiat cédait 1,63% à 10,27 euros vers 13H20 GMT, dans un marché en baisse de 0,73%.