Pôle emploi, qui a subi les chocs de la crise et de la fusion, va avoir une charge de travail "constante, au mieux, dans les quatre à cinq prochains trimestres" due notamment à la montée du chômage de longue durée, a estimé mercredi son directeur général Christian Charpy.
"Il ne faut pas penser qu'aujourd'hui la fusion étant faite -même si le processus continue- et la pression du chômage étant un peu moins élevée, la charge de travail va pour autant diminuer. La charge de travail va rester constante, au mieux, dans les prochains mois, les quatre-cinq prochains trimestres", a-t-il dit lors des rencontres pour la modernisation de l'Etat.
Notant que "si le chômage est un peu stabilisé, nous ne sommes pas du tout sortis d'une situation d'augmentation du chômage et les chiffres du deuxième trimestre ne seront pas bons", le directeur général a estimé qu'"avec la montée du chômage de longue durée, c'est là que les difficultés vont commencer".
Si l'inscription et l'indemnisation des demandeurs d'emploi ont été les priorités de Pôle emploi au plus fort de la récession, l'organisme né de la fusion ANPE-Assedic va désormais se concentrer davantage sur "le placement, par nature beaucoup plus difficile", a-t-il expliqué.
Face à une "charge extrêmement lourde" de travail, le directeur général de Pôle emploi a dit "ne pas penser qu'il faille recruter considérablement" car "il y a déjà eu des renforts considérables et on peut penser qu'il y aura à un moment une baisse d'intensité".
Quant à la sous-traitance au privé de l'accompagnement d'une partie des chômeurs, ce qui est "extrêmement onéreux", M. Charpy s'est déclaré "pas certain, compte tenu du débat budgétaire d'hier (mardi), de pouvoir maintenir la sous-traitance à ce niveau-là" après 2010.
Pour faire face à la crise, a-t-il rappelé, Pôle emploi "a embauché 3.000-4.000 personnes, fait un recours massif aux opérateurs privés de placement, augmenté l'intensité du travail".
Après avoir fait face au double choc de la crise et de la fusion ANPE-Assedic, "aujourd'hui, la situation est stabilisée" à Pôle emploi et en interne, "incontestablement, le climat s'est apaisé -parce qu'on a aussi mis beaucoup de moyens", a-t-il estimé.
Notant que "le chômage de longue durée est sur une pente ascendante" et que "la part des chômeurs indemnisés diminue, ce qui augmente le nombre de chômeurs en fin de droits", Xavier Timbeau, directeur du département analyse de l'Observatoire français des conjonctures économiques, a jugé que "le travail de Pôle emploi va devenir beaucoup plus difficile, beaucoup plus frustrant".
Pour Pôle emploi, "la priorité désormais est de requalifier, remettre à l'emploi", sachant que "le niveau du chômage représente une charge importante" qui va "s'inscrire dans la durée, sur plusieurs trimestres ou années", selon lui.
Mais, a-t-il remarqué, "le service public de l'emploi français est sous-staffé (moins d'effectifs, ndlr) par rapport à l'Allemagne ou au Royaume-Uni".