Les banques européennes ont un peu rassuré les marchés en empruntant un montant record mais moins élevé que prévu à la Banque centrale européenne à la veille du véritable test, le remboursement d'un prêt de 442 milliards d'euros jeudi.
Au total 171 banques de la zone euro ont demandé et obtenu de la BCE 131,9 milliards de liquidités sur trois mois au taux fixe de 1%.
Ce résultat est supérieur au précédent record pour une opération sur trois mois, enregistré à l'automne 2008 dans la foulée de la chute de Lehman Brothers, mais inférieur aux 200-250 milliards que certains économistes attendaient.
"C'est un très gros chiffre mais pas aussi inquiétant qu'on l'aurait cru", a commenté Marie Diron d'Oxford Economics.
Les marchés ont d'abord accueilli avec soulagement cette nouvelle, qui signifie que les banques de la zone euro n'ont pas eu à se ruer aux guichets de la BCE, qui offrait un volume illimité d'argent en prévision du remboursement de 442 milliards d'euros.
"C'est pour nous la mise en oeuvre normale de la transition que nous avions en tête", a commenté le président de la BCE Jean-Claude Trichet lors d'une conférence de presse à Rome.
Il y a un an, 1.121 banques implantées en zone euro avaient emprunté plus de 442 milliards d'euros à la BCE au taux fixe de 1%, un record dans l'histoire de l'institution monétaire européenne sur une seule opération.
Cette absorption massive pourrait conduire à un assèchement des liquidités en zone euro, redoutaient les marchés. "Les banques ont pu emprunter autant qu'elle voulaient, il n'y aura donc pas de choc de liquidités" jeudi, relativisait Rainer Sartoris, économiste chez HSBC Trinkaus.
L'euro a retrouvé des couleurs, dépassant brièvement les 1,23 dollar en milieu de journée, avant de retomber à 1,2288 vers 16H00 GMT.
Les Bourses européennes ont aussi poussé un soupir d'aise en début d'après-midi, mais au final, refroidies par des indicateurs américains, leur rebond a été plutôt faible.
Les établissements en mal de liquidités pourront aussi emprunter de nouveau jeudi, lors d'une opération spéciale sur six jours annoncée de longue date par la BCE pour les aider à passer le cap en douceur.
La combinaison entre l'opération de mercredi et l'opération spéciale de jeudi "permettra la transition qui sera aussi ordonnée que possible", a encore dit Jean-Claude Trichet.
Avec la crise financière certaines banques en difficulté ne peuvent plus guère compter que sur les opérations de refinancement illimitées de la BCE pour se refinancer, le marché interbancaire souffrant d'une crise de confiance.
Les taux interbancaires se sont d'ailleurs de nouveau tendus dans l'après-midi.
"La demande pour l'opération (de mercredi) indique quelles banques ont un réel problème de liquidités et un accès difficile au marché (...). Les investisseurs vont spéculer sur le fait que la plus grande partie viennent d'Espagne et du Portugal", juge Luca Cazzulani, d'Unicredit.
Au final, "le marché est nerveux en raison du manque de confiance dans les banques", et il faudra attendre la publication des résultats des tests de résistance sur les banques européennes, prévus pour juillet, pour avoir une image exacte de leur situation, ajoute Timo Klein de Global Insight.