Les actionnaires d'Accor ont largement approuvé mardi la séparation en deux sociétés, l'une conservant le nom et les activités de l'hôtellerie et l'autre, baptisée Edenred, reprenant les services prépayés (Tickets-restaurant...), une scission redoutée par les syndicats.
La séparation a été adoptée par 88,49% des actionnaires, réunis en Assemblée générale dans un hôtel aux portes de Paris.
Le Fonds stratégique d'investissement (FSI, détenu majoritairement par la Caisse des dépôts), détenteur d'environ 7,5% de droits de vote et qui avait déjà exprimé son désaccord à l'automne, a voté contre la scission, ainsi qu'environ 4% des actionnaires présents.
"Je suis très content", a confié Gilles Pélisson, PDG d'Accor, à quelques journalistes à l'issue de l'Assemblée générale. "Ca veut tout simplement dire que (la scission) est une idée qui a beaucoup de sens". Même satisfaction de Jacques Stern, jusqu'ici N°2 d'Accor et désormais PDG d'Edenred, pilote de la scission.
Cette séparation a été rendue possible par le développement important de la branche services qui a "doublé de taille en quatre ans" et peut ainsi devenir "autonome", a rappelé mardi matin M. Pélisson et par le changement de modèle économique de l'hôtellerie, moins gourmand en capitaux.
Accor privilégie le développement en franchise ou en contrat de management, et compte, avec des cessions, ne plus posséder à terme que 20% des murs de ses hôtels.
Le projet de scission, officiellement examiné depuis la fin du mois d'août, avait été approuvé par 11 des 12 administrateurs en décembre.
Il était notamment porté par les principaux actionnaires, le fonds américain Colony Capital et la société d'investissement Eurazeo, qui resteront des actionnaires de référence des deux entreprises.
Les deux sociétés seront cotées séparément pour la première fois vendredi, Accor d'un côté et Edenred de l'autre qui représente la plus grosse introduction en Bourse d'une entreprise française depuis 2008.
Les analystes, favorables à la scission, estiment, sur la base d'une actuelle action Accor a environ 40 euros, que l'action Edenred devrait valoir entre 10 et 14 euros et la nouvelle action Accor entre 26 et 30 euros. Il faudra aussi tenir compte du paiement du dividende 2009 (1,05 euro) dès vendredi. Les cours d'introduction seront annoncés jeudi après bourse.
Plébiscitée par les marchés, la scission est redoutée par les syndicats de salariés qui y voient une opération à visée "uniquement boursière" et "pas une stratégie d'entreprise".
Même si les cinq syndicats ne sont pas favorables à cette scission, le Comité central d'entreprise, consulté pour avis, ne s'y est pas opposé "puisque l'emploi n'est pas menacé". Le CCE a toutefois souligné qu'il serait "vigilant" aux conséquences sociales, selon l'avis lu durant l'assemblée générale.
Une quinzaine de syndicalistes de la CGT ont distribué des tracts à l'entrée de l'hôtel où se tenait l'assemblée générale pour prévenir les actionnaires d'un risque de démantèlement.
"La scission, c'est un démantèlement", explique Ange Romiti, secrétaire général de la Fédération des Services de la CGT.
"Ce n'est pas pour le bien de l'entreprise que le groupe est divisé par deux, mais seulement pour gagner de l'argent en bourse", explique M. Romiti.
Les syndicats craignent également la politique de cession de murs d'hôtels, mise en place par Accor. Les murs de 450 hôtels du groupe doivent être vendus à des investisseurs, tout en restant sous enseigne Accor.
"Les salariés de ces hôtels qui vont quitter le groupe Accor vont perdre beaucoup d'avantages sociaux", ajoute-t-il.