A la veille de la présentation de son nouveau plan stratégique, la Société Générale a annoncé lundi le rachat de la Société marseillaise de crédit, signe de son ambition retrouvée après l'affaire Kerviel et les errements de la crise et de sa volonté de muscler sa banque de détail.
Les 144 agences de la SMC, dont les implantations vont de Monaco à Perpignan, vont rejoindre le groupe Crédit du Nord, filiale de la Société Générale qui compte déjà 785 succursales.
Le prix d'acquisition auprès du groupe BPCE, fixé à 872 millions d'euros, a été jugé élevé par plusieurs analystes, qui ont néanmoins relevé que les actifs disponibles de cette taille sont rares en France.
L'histoire de la banque, qui a frôlé la faillite à la fin des années 1990, suscite également quelques réserves.
"Ils achètent encore un actif avec un profil de risque un peu plus élevé que la moyenne des banques de détail", estime Alain Dupuis, analyste chez Oddo Securities, mentionnant les pertes récurrentes de l'établissement jusqu'à un passé récent.
Mais les analystes estiment néanmoins que l'opération "va dans le bon sens", selon M. Dupuis, car elle témoigne d'un appétit retrouvé, qui pourrait se traduire par d'autres acquisitions, en Europe de l'Est notamment.
La presse a déjà évoqué l'intérêt supposé de la banque rouge et noir pour la polonaise Zachodni, qui pèse près de 4 milliards d'euros en Bourse.
Le marché a donc salué cette annonce, l'action Société Générale figurant lundi sur le podium de tête du CAC 40 (+4,49% vers 17H10), après un début d'année très difficile (plus forte baisse de l'indice vedette parisien depuis début janvier).
"Cette opération est parfaitement logique et renforce les capacités de distribution de la banque dans une zone géographique attractive", ont écrit les analystes de Raymond James.
Le profil de population de la région, avec une proportion de retraités nettement plus élevée que la moyenne française, est ainsi très attractif. "On sait que les retraités sont nettement plus rentables que les autres catégories de clients", résume M. Dupuis.
Pour la Société Générale, cette annonce intervient quelques semaines après la publication de bons chiffres pour le premier trimestre, marqué par un bénéfice de 1,06 milliard d'euros.
La banque a notamment réussi à redresser les résultats de sa banque de financement et d'investissement, et semble parvenue à contenir les pertes de son portefeuille d'actifs (difficiles à vendre, dits "illiquides"), héritées de la crise financière.
Après une année de transition en 2009, le PDG Frédéric Oudéa a présenté 2010 comme celle du renouveau.
Il présentera mardi un nouveau plan stratégique à HORIZON 2015, qui doit "changer le paradigme" de la banque et remettre le client au centre de ses préoccupations.
Coté BPCE, l'opération témoigne de la volonté de la nouvelle équipe de direction de se défaire des actifs non stratégiques du groupe, même si cette cession va occasionner une moins-value conséquente, que l'on peut estimer autour de 200 millions d'euros, de sources concordantes.
La banque compte utiliser le produit de la vente pour rembourser 700 millions d'euros à l'Etat, sur les 5,3 milliards que BPCE lui doit encore.
Seul établissement (hors Dexia, dont la situation est spécifique) à ne pas avoir complètement remboursé l'Etat, BPCE a encore plusieurs participations ou filiales à vendre, notamment l'administrateur de biens Foncia.
Selon une source proche du dossier, la cession de Foncia aurait cependant été repoussée, faute d'acquéreur disposé à acquitter le prix demandé par BPCE mais aussi du fait des retombées négatives liées à l'affaire Urbania, un autre administrateur de biens.