L'Association internationale du transport aérien (IATA) tient son assemblée générale lundi et mardi à Berlin au moment où le secteur montre des signes de reprise contrastée avec une Europe encore à la traîne, contrariée notamment par les cendres volcaniques venues d'Islande.
"L'heure est à l'optimisme prudent", résume dans un communiqué Giovanni Bisignani, directeur général de l'association qui représente 230 compagnies aériennes assurant 93% du trafic commercial mondial.
Après avoir progressé de 10,3% en mars, le trafic international de passagers a reculé de 2,4% en avril, conséquence du nuage de cendres du volcan Eyjafjöll qui a paralysé le ciel européen pendant une semaine. Plus de 100.000 vols avaient alors été annulés.
M. Bisignani estime toutefois que la "forte" croissance enregistrée avant l'épisode volcanique laisse augurer des perspectives moins moroses pour cette industrie qui a particulièrement souffert pendant la récession mondiale et malgré les épiphénomènes récents, comme, cette semaine, la grève du personnel navigant de British Airways.
"L'industrie poursuit sa reprise après la crise financière mondiale et une décennie de cycles et de chocs mouvementée qui s'est traduite par près de 50 milliards de dollars de pertes cumulées", dit-il.
En 2009, l'industrie a perdu 9,4 milliards de dollars dont 3,8 milliards pour les compagnies européennes, selon l'Association.
Jeudi, devant des journalistes, Giovanni Bisignani s'était montré plus optimiste, tablant sur une reprise "dans les deux ans" contre trois ans précédemment.
Le même jour, la compagnie franco-néerlandaise Air France-KLM dévoilait un trafic en hausse en mai: +4,3% du nombre de passagers kilomètre transporté (passagers transportés multiplié par la distance parcourue).
Le directeur général de la compagnie, Pierre-Henri Gourgeon, l'un des 600 participants réunis à Berlin, a lui aussi fait preuve d'une confiance mesurée.
"Si cette année nous n'avons pas de croissance, il est possible qu'en 2011, nous puissions reprendre de la croissance", a-t-il dit. "En 2012, l'industrie du transport aérien arrivera à des niveaux supérieurs de ceux d'avant la crise".
Analyste chez Bryan, Garnier & Co, Christophe Menard constate "une inflexion de ton". "Globalement, le retour est positif sur les derniers mois. Nous intégrons des signes de reprise dès la deuxième moitié de cette année et en toute logique, nous devrions être en haut de cycle dans les deux ans", estime-t-il.
D'autant que les compagnies ont intégré des scénarios de reprise de nouvelles capacités puisqu'elles ont annoncé aux constructeurs vouloir prendre livraison de leurs avions prévus pour 2011.
Par ailleurs, les résultats financiers du premier trimestre se sont améliorés, en particulier en Asie et en Amérique du Nord, selon des chiffres compilés par IATA, un indicateur positif, le premier trimestre étant traditionnellement le plus faible.
"Les compagnies dégagent 80% de leurs bénéfices aux deuxième et troisième trimestres", note l'association.
Les fusions de compagnies aux Etats-Unis sont un autre élément favorable pour absorber les excédents de capacités, note également M. Menard.
Oliver Fainsilber, spécialiste du secteur pour le cabinet Oliver Wyman, souligne enfin que la reprise économique pourrait signifier une augmentation des déplacements professionnels avec billets flexibles, ceux assurant de confortables revenus.
"Ceci apportera un ballon d?oxygène aux compagnies généralistes qui ont continué à offrir un choix horaire considérable pendant la crise, mais sans en récolter les bénéfices par la vente d?autant de billets flexibles", dit-il.