Le directeur général de la compagnie d'aviation à bas coût irlandaise Ryanair, Michael O'Leary, a menacé jeudi de fermer sa base à Marseille si des poursuites judiciaires sont engagées à son encontre pour travail illégal.
Le parquet d'Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône) a ouvert début avril une information judiciaire pour travail dissimulé contre Ryanair, après une enquête de l'Office central de lutte contre le travail illégal.
"Si le parquet nous poursuit devant les tribunaux, nous fermerons la base et tant pis pour les emplois et les passagers", a lancé M. O'Leary lors d'une conférence de presse.
La compagnie conteste un décret du 21 novembre 2006 soumettant les personnels navigants des compagnies étrangères installées en France au droit français. Déboutée en 2007 par le Conseil d'Etat, elle a saisi la Cour européenne des droits de l'Homme.
Ce décret "stupide" est le résultat du "lobbying d'Air France", a dénoncé M. O'Leary, relevant qu'il avait été pris après l'ouverture à Marseille de l'unique base dont la compagnie dispose en France.
Les 120 employés de Ryanair qui travaillent à Marseille "paient leurs impôts, leurs cotisations sociales et de retraite en Irlande, conformément à la législation européenne", a-t-il poursuivi.
"Le seul gagnant sera Air France, qui aura encore éliminé un concurrent, tandis que 1.000 emplois locaux seront perdus et le trafic passager va s'effondrer", selon M. O'Leary.
"C'est tout notre territoire qui risque d'être déstabilisé", a réagi Jacques Pfister, président de la chambre de commerce et d'industrie Marseille Provence, dans un communiqué.
"En moins de 4 ans, Ryanair (...) a créé 26 destinations directes, a permis la création de 1.000 emplois directs et indirects, a fait venir plus de 400.000 nouveaux touristes chaque année, a procuré plus de 550 millions d'euros de retombées économiques", souligne le communiqué.
Depuis 2006, Ryanair a transporté 3,3 millions de passagers au départ de Marseille, et prévoit d'en transporter 1,7 million en 2010.
La jurisprudence n'est a priori pas favorable à Ryanair: une autre compagnie à bas coûts, la britannique easyJet, a été condamnée en avril à verser 1,4 million d'euros de dommages et intérêts au Pôle Emploi pour travail dissimulé par le tribunal correctionnel de Créteil. Elle employait quelque 170 salariés à Orly sous statut britannique.
Ryanair fait par ailleurs l'objet d'une plainte à Bruxelles, déposée par Air France, qui l'accuse de toucher des aides publiques illégales en France.
Plusieurs collectivités locales se sont également élevées contre le "chantage financier" exercé selon elles par la compagnie, qui n'hésite pas à conditionner le maintien de son activité au relèvement des aides en sa faveur.