L'action Ubisoft décroche de 8,73% à 8,023 euros après avoir touché un plus bas depuis février 2006 à 7,836 euros. L'éditeur de jeux vidéo est pénalisé par un résultat opérationnel courant annuel inférieur aux attentes et à son objectif, mais aussi par le manque de visibilité sur l'exercice en cours. Le groupe évolue dans un marché des jeux vidéo dont la situation reste difficile comme les mauvais chiffres du marché américain d'avril l'ont récemment montré.
Sur l'exercice 20009/10, clos fin mars, Ubisoft a essuyé une perte nette de 43,7 millions d'euros contre un bénéfice de 68,8 millions d'euros un an plus tôt. Le résultat opérationnel courant est ressorti négatif à 59,6 millions d'euros contre un résultat positif de 128,7 millions l'année précédente. L'éditeur de jeux vidéo, qui prévoyait une perte de 50 millions d'euros, a expliqué cet écart par des dépréciations additionnelles sur des jeux lancés sur l'exercice 2009-10 et sur les exercices suivants.
Le chiffre d'affaires a, lui, reculé de 17,7% à 871 millions d'euros, ce qui est légèrement mieux que prévu. Les analystes ont été positivement surpris par les ventes du jeu Just Dance, dont 3 millions d'exemplaires ont été écoulés.
En matière de perspectives, Ubisoft vise un chiffre d'affaires de 145 millions d'euros au premier trimestre, en hausse de 75%. Le groupe bénéficie d'une base de comparaison favorable, du lancement réussi du dernier Splinter Cell et de la sortie du nouvel opus de Prince of Persia. Sur l'exercice, Ubisoft a simplement confirmé l'objectif d'une croissance rentable sans communiquer d'objectifs chiffrés.
(C.J)
AOF - EN SAVOIR PLUS
Les points forts de la valeur
- Ubisoft est devenu l'un des plus importants créateurs de marques du secteur des jeux vidéo. Chaque lancement est un pari risqué mais assure une récurrence du chiffre d'affaires et une marge plus importante que les licences.
- Ubisoft s'oriente vers un modèle plus rémunérateur et moins risqué : l'éditeur se recentre vers les jeux haut de gamme avec le lancement plus régulier de franchises majeures tout en réduisant les investissements dans de nouvelles créations, le tout à effectif constant.
- Le titre revêt un attrait spéculatif depuis l'entrée non sollicitée de l'éditeur américain de jeux vidéo Electronic Arts à hauteur de 15% du capital.
Les points faibles de la valeur
- Le consensus de marché est très dispersé sur 2010-2011, illustrant la difficulté à anticiper la configuration du prochain exercice pour Ubisoft.
- Le challenge du groupe est de réussir à tenir ses marques et idéalement de les rendre plus fortes. Un déclin des marques aurait un effet désastreux sur la profitabilité du groupe compte tenu de l'inflation des coûts de production.
- Les consoles actuelles sont en milieu de cycle.
- L'ENVIRONNEMENT de marché reste difficile, très concurrentiel sur le haut de gamme, avec des pressions prix sur le « casual ».
- La visibilité sur les jeux Wii, plateforme sur laquelle l'éditeur veut se recentrer pour les jeux « casuals », reste incertaine. Ubisoft pâtit à la fois d'un problème de différenciation de ses jeux et de faiblesse du segment, seuls les titres développés en interne par Nintendo se démarquant actuellement.
- Ubisoft est encore très peu présent dans les MMO (jeux en ligne massivement multi joueurs).
Comment suivre la valeur
- Le succès de la société dépend avant tout de la solidité de son catalogue. La présentation des jeux en instance de sortie se fait notamment lors des salons professionnels comme l'E3 (Electronic Entertainment Expo) à Los Angeles.
- La fin d'année est cruciale pour tous les éditeurs de jeux vidéos, qui réalisent la majeure partie de leur chiffre d'affaires entre septembre et janvier (avec un pic pour les fêtes).
- La tendance du marché américain des jeux vidéos préfigure généralement de quelques mois celle du marché européen.
- Le mouvement de concentration du secteur est engagé et devrait s'accélérer.
LE SECTEUR DE LA VALEUR
Informatique - Jeux vidéo
L'univers du jeu vidéo est grandement modifié par l'apparition de l'iPhone, comme le souligne le centre d'études Idate. En proposant une offre très étoffée d'applications à travers l'App Store (60% d'entre elles sont des jeux, dont 30% sont gratuits), l'iPhone capte des joueurs qui se tournaient auparavant vers Nintendo ou Sony. Selon l'Idate, les ventes de jeux sur téléphone mobile ont bondi de 3,9 milliards à 5,1 milliards d'euros au niveau mondial entre 2008 et 2009. Au contraire, les ventes de jeux pour console portable ont baissé de 5 milliards à 4,9 milliards sur la période. Le mouvement devrait encore s'accélérer car l'Idate estime que les ventes de jeux sur téléphone devraient atteindre 6,2 milliards d'euros en 2010. Comme les consommateurs sont de plus en plus exigeants sur la qualité des jeux, les éditeurs cherchent à développer des franchises fortes, capables de générer des revenus récurrents et élevés. Les investissements sont donc ciblés et certains acteurs vont repenser leur modèle, à l'instar d'Ubisoft, qui va accentuer le recentrage de sa force de développement sur ses franchises majeures et les consoles XBox 360 et PS3.