Veolia Environnement est désormais seul en lice pour décrocher le gigantesque contrat de distribution d'eau dans plus de 100 communes d'Ile-de-France, hors Paris, le plus important marché de ce type en Europe, après le rejet de la candidature de son concurrent Suez Environnement.
"Nous avons reçu la notification du Syndicat des eaux d'Ile-de-France (Sedif) et nous prenons acte de sa décision d'écarter notre candidature", a déclaré mardi à l'AFP une porte-parole de Suez Environnement, confirmant une information parue dans le quotidien Les Echos.
"Nous attendons maintenant de savoir sur quels critères s'est fait ce choix", a-t-elle ajouté.
Dans les faits, le rejet de la candidature de Suez Environnement laisse Veolia Environnement, qui s'est refusé à tout commentaire, seul en lice pour continuer à négocier le contrat avec le Sedif.
"Le choix ne sera fait que le 24 juin", a de son côté commenté un porte-parole du syndicat francilien, refusant de confirmer que la candidature de Suez avait été écartée. "Il y a une procédure à suivre, le choix sera fait par les élus, et uniquement par les élus", a-t-il ajouté.
Pour beaucoup d'observateurs, ce premier résultat, qui doit être officialisé le 24 juin par le comité du Sedif, est tout sauf une surprise: "Le scénario du film est écrit (...): on va reconduire Veolia", prédisait ainsi dès décembre Philippe Kaltenbach, maire PS de Clamart et également membre du Sedif.
Veolia, ex-Générale des Eaux, partait en effet avec un avantage certain: le groupe gère ce service depuis 1923, sous forme d'une délégation de service public. D'un montant de 371 millions d'euros annuels, le dernier contrat, signé en 1962, expire fin 2010.
Pascale Pérez, PDG de Derichebourg, dont la candidature avait été écartée en janvier, avait ainsi regretté des délais pour préparer les offres "trop courts", surtout face à un groupe qui gère le service depuis 87 ans.
Cité dans Le Monde, le président du Sedif et député-maire d'Issy-les-Moulineaux André Santini avait également reconnu que Veolia avait parfois opposé son "secret des affaires" à la communication d'informations aux candidats.
Mais le Sedif a toujours assuré avoir joué le jeu de la transparence avec tous.
L'appel d'offres du syndicat francilien, outre son importance financière (le contrat actuel représente quelque 7% du chiffre d'affaires de Veolia Eau en France), avait en effet aussi l'allure d'un test pour jauger le niveau réel de concurrence au sein du marché de l'eau.
Dans les années à venir, plusieurs contrats de délégation de grandes communes comme Marseille, Lille ou Versailles vont arriver à échéance.
C'est la première fois depuis 1962 que le contrat du Sedif est remis en jeu. A la suite de plusieurs lois dans les années 1990 venues réglementer plus strictement le marché, la durée du nouveau contrat sera limitée à dix ans, prolongeable jusqu'à 12 ans.
Le nouveau contrat sera "de très grande qualité technique" et "proposera notamment une baisse significative du prix de l'eau pour l'usager", a déjà assuré le Sedif au début du mois, lors de la clôture de l'appel d'offres. Il mettra également en place une "tarification sociale" au profit des familles en difficulté.
Concernant initialement 144 communes de la région, le nouveau contrat pourrait être finalement un peu plus petit: créée le 1er janvier, la communauté d'agglomérations Est Ensemble, qui regroupe neuf communes de Seine-Saint-Denis, n'a pour l'instant pas fait part de son souhait ou non de réintégrer le périmètre du syndicat.
Suez et Veolia ont ainsi fourni au Sedif deux scénarios, incluant ou non ces communes dans le périmètre du contrat.