La Bourse de Paris a chuté vendredi de 4,59%, dans un marché plombé par les valeurs financières, où pèsent de vives inquiétudes sur les perspectives économiques et budgétaires de la zone euro.
Le CAC 40 a perdu 171,18 points à 3.560,36 points, dans un volume d'échanges de 6,310 milliards d'euros. Cela constitue sa deuxième plus forte baisse de l'année (il avait chuté de 4,60% le 7 mai).
Les autres grandes places européennes ont également plongé, Francfort lâchant 3,12% et Londres 3,14%. Milan a dégringolé de 5,26% et Madrid de 6,64%. L'Eurostoxx 50 a terminé sur un recul de 4,71%.
Les Bourses ont souffert des inquiétudes persistantes sur l'avenir économique de la zone euro, les marchés redoutant notamment les conséquences qu'auront, sur la croissance, les plans d'austérité en préparation.
En repli depuis la matinée, le marché parisien a fortement accéléré son recul dans le sillage de Wall Street, qui perdait plus de 200 points deux heures après son ouverture.
"Les investisseurs étrangers doutent de plus en plus des capacités de croissance de certains pays de l'Europe alors que des politiques de rigueur budgétaire se mettent en place qui vont réduire les capacités de consommer", observe Yves Marcais, vendeur d'actions chez Global Equities.
Baromètre de la défiance des investisseurs, la devise européenne évoluait vendredi sous le seuil de 1,25 dollar, à son plus bas niveau depuis mi-novembre 2008.
"Les inquiétudes se sont encore accrues après les propos du patron de Deutsche Bank" Josef Ackermann, qui s'est montré dubitatif sur la capacité d'Athènes à rembourser sa dette, explique de son côté Frédéric Rozier, gérant d'actions chez Meeschaert Gestion Privée.
Les doutes sur la viabilité de la zone euro ont été également exacerbés par les informations d'El Pais, ajoute-t-il.
Le quotidien espagnol a affirmé que Nicolas Sarkozy aurait menacé de retirer la France de l'euro pour contraindre la chancelière allemande Angela Merkel à entériner le plan de sauvetage de la Grèce; des propos démentis dans la journée par le gouvernement espagnol.
Alors qu'il avait provoqué lundi une envolée spectaculaire des Bourses, les effets sur le marché du méga-plan de l'Union européenne en faveur de ses membres en difficulté se dissipent, et "on observe des prises de bénéfices avant le week-end", relève M. Rozier.
Les valeurs financières ont été les plus pénalisées: plus forte baisse du CAC 40, Société Générale a lâché 8,63% à 35,25 euros. A sa suite, Axa a cédé 7,55% à 13,09 euros, BNP Paribas 7,41% à 47,97 euros et Crédit Agricole 6,43% à 9,62 euros.
Les banques pâtissent de leur exposition à la Grèce et aux pays jugés les moins solvables de la zone euro, dont les perspectives budgétaires angoissent les marchés.
Elles étaient également sous pression après l'ouverture d'une enquête du procureur général de New York à l'encontre de huit grandes banques internationale, dont le Crédit Agricole, pour leurs agissements lors de la crise des prêts immobiliers à risque.
En revanche, EADS (+5,05% à 16,31 euros) seule valeur en hausse du CAC 40, a été porté par la faiblesse de l'euro, qui est susceptible de stimuler ses commandes, et revigoré par des résultats trimestriels bien accueillis du marchés.