Les valeurs bancaires résistent à la baisse aujourd'hui, alors que le marché parisien enchaîne une quatrième séance de forte baisse. Le secteur des banques, massacré tout au long de la semaine en raison des inquiétudes sur l'exposition à la Grèce et la possibilité d'une contagion de la crise à d'autres pays de la zone euro, profite aujourd'hui de rachats à bon compte. Dexia enregistre la plus forte hausse de l'indice CAC 40 avec une progression de 1,79% après avoir perdu 12,18% sur les cinq dernières séances.
BNP Paribas enregistre un recul limité de 0,55% (- 11,28% sur la semaine) tandis que Société Générale recule de 1,17% (- 13,47% sur la semaine), en ligne avec la baisse du marché parisien aujourd'hui. De son côté, Crédit Agricole, qui a détaillé ce matin son exposition à la Grèce, limite ses pertes à 0,76% (- 11,10% sur la semaine).
La banque verte affiche une exposition de 850 millions d'euros à la dette souveraine grecque pour son activité bancaire. Sa branche d'assurance est exposée à 400 millions d'euros supplémentaires. Crédit Agricole a précisé dans un communiqué que son exposition au risque interbancaire sur la Grèce était de 180 millions d'euros. Les engagements commerciaux de sa branche de banque de finance et d'investissement CACIB s'élèvent à 2,4 milliards d'euros, a précisé l'établissement.
Hier, BNP Paribas a déclaré ne pas avoir d'exposition significative sur l'économie grecque. L'établissement a dit avoir une exposition limitée par rapport à sa taille sur la dette souveraine de la Grèce : 5 milliards d'euros environ, soit 0,4 % des engagements du groupe. BNP Paribas affiche par ailleurs des engagements commerciaux « réduits » dans ce pays, avec environ 3 milliards d'euros, soit 0,2% des engagements du groupe.
Natixis a pour sa part chiffré son exposition totale à 882 millions d'euros. Dans le détail, la banque d'affaires dit être exposée au risque souverain à hauteur de 160 millions d'euros, aux banques à hauteur de 104 millions, et aux clientèles grecques à hauteur de 618 millions. Natixis précise que son exposition auprès de la clientèle grecque est principalement concentrée sur des financements de projets et des financements d'actifs dans le secteur maritime (461 millions d'euros). Par ailleurs, Natixis Assurances a une exposition nette de la participation des assurés de 72 millions d'euros au risque grec.
BPCE, la maison mère de Natixis, affiche une exposition globale à la Grèce de 2,1 milliards d'euros, dont 1,4 milliard sur la dette souveraine. L'exposition sur la seule dette souveraine représente 0,13% du total des actifs fin 2009, précise la banque.
De son côté, Société Générale a annoncé une exposition de 3 milliards d'euros à la dette souveraine grecque, soit 0,27% du total de ses actifs à fin mars.
AOF - EN SAVOIR PLUS
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Performances et stratégie
- Chiffre d'affaires : Au 31.12.2009 : 17.942 millions d'euros (+12,4%)
Au 31.12.2008, Produit Net Bancaire : 15.956 millions d'euros (-4.8%)
- Résultats : Au 31.12.2009 : Résultat brut d'exploitation : 5.760millions (+73,4%) ; Résultat net part du groupe : 1.125 millions (+9,9%)
Au 31.12.2008, résultat brut d'exploitation : 3.321 millions d'euros (-18%)
Résultat net part du groupe : 1.024 millions d'euros (contre 4 044 millions d'euros en 2007).
- Prévisions : Pas de prévisions chiffrées.
- Stratégie : Dans les mois qui viennent, le duo à la tête de Crédit Agricole SA (Casa) - son président René Carron et son directeur général Georges Pauget - sera remplacé. Cette évolution va dans le sens de la vision stratégique des caisses régionales, qui misent sur la banque de détail et souhaitent redimensionner la banque de financement et d'investissement. Le groupe a donc choisi de s'éloigner du modèle de banque universelle à la française. Ce recentrage vaut également sur le plan géographique puisque la Banque a choisi de se focaliser sur l'Europe et la zone Méditerranée.
La nouvelle équipe dirigeante devra également mener à bien le plan de restructuration de la filiale grecque Emporiki.
- Evènements financiers : Le Crédit Agricole et le groupe Citic Securities, plus important courtier chinois, souhaitent nouer un partenariat dans le courtage actions pour créer l'un des leaders mondiaux sur cette activité. Cette alliance couvre non seulement le courtage actions mais aussi les dérivés actions orientés clients ainsi que la banque d'investissement pan-asiatique.
Plusieurs entités du Crédit Agricole sont concernées : Cheuvreux, CLSA (Crédit Lyonnais Securities Asia) et CA Securities aux Etats-Unis.
La filiale grecque de Crédit Agricole, Emporiki, qui est en pertes depuis 2008, a bénéficié en mars d'une augmentation de capital de près de 1 milliard d'euros. Cette banque a déjà nécessité plusieurs augmentations de capital depuis son rachat. Le plan de redressement et de développement mis en place par le nouveau management l'an dernier vise un retour à l'équilibre des résultats pour 2011. La contribution nette d'Emporiki au résultat du Crédit Agricole est en perte de 937 millions d'euros l'an passé, en intégrant une dépréciation de 485 millions d'euros de l'écart d'acquisition.
Crédit Agricole a évalué à 850 millions d'euros l'exposition de la banque au risque souverain de la Grèce.
Quant à sa participation dans Intesa Sanpaolo, Crédit Agricole a accepté de s'engager auprès de l'Antitrust italien à descendre sous les 5% du capital d'ici à fin 2010 (contre 5,8 % actuellement). Il a également accepté que, dans un second temps, ses droits de vote soient gelés en juillet 2011. Cette opération, qui permet à Intesa d'éviter une amende estimée entre 500 millions et 5 milliards d'euros, donne plus de valeur à cette participation.
• Forces et faiblesses (risques) de la société
- Forces :
- Fortes positions en France et en Europe dans la banque de détail ;
- Le groupe a enregistré de bonnes performances en 2009 : ses revenus ont progressé de 12% et son résultat net part du groupe de près de 10% ;
- La politique de contrôle des coûts, en autorisant un recul de 2,3% des charges d'exploitation, a permis un bond de 73% du résultat brut d'exploitation, à 5,8 milliard d'euros sur l'année 2009 ;
- Stable (à 0.45 euro par action), le dividende versé sur les résultats 2009 a représenté un fort taux de distribution (90%) ;
- Son portefeuille d'activités est relativement équilibré ce qui limite les risques ;
- Le groupe a confirmé sa solidité financière sur les derniers mois. Compte tenu notamment de la réduction du profil de risque de la Banque de financement et d'investissement, le ratio Tier 1 de Crédit Agricole S.A. s'établit à 9,5% et le Core Tier 1 à 9,3 % ;
- Le coût du risque s'est réduit de 23% au quatrième trimestre 2009, comparé à la même période de 2008 et, sur l'année pleine, la croissance du résultat brut d''exploitation a pu absorber la montée du coût du risque.
- Faiblesses :
- L'agence Standard & Poor's a abaissé la perspective de la note de la banque à négative du fait de l'impact plus important que prévu de la récession économique mondiale sur l'activité de banque de détail ;
- Le Crédit Agricole est l'une des banques françaises les plus exposées à la crise grecque, à travers sa filiale Emporiki, dont elle détient 86,5% du capital ;
- Elle est également exposée au risque de contagion de la crise grecque au Portugal, de par sa participation de 23,9% (directe et indirecte) dans Banco Espirito Santo, troisième banque portugaise :
- Le nouveau cadre réglementaire proposé par le Comité de Bâle pourrait nuire à la Banque car les participations des banques dans les institutions financières pourraient être à l'avenir déduites à 100% du Tier One, contre 50% dans le régime actuel. Or Crédit Agricole SA (CA SA), qui détient une part importante du capital des caisses régionales devrait mobiliser deux fois plus de fonds propres qu'auparavant.
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La valeur et son secteur
- Principales activités : Banque de proximité en France ; Banque de détail à l'international ; Services financiers spécialisés (crédit à la consommation) ; Gestion d'actifs, assurance & banque privée ; Banque d'investissement et de financement.
- Le secteur : Dans l'attente d'un nouveau cadre réglementaire, qui pourrait ralentir le développement de la banque d'investissement sous de nouvelles règles prudentielles plus exigeantes en fonds propres, les banques adoptent une attitude prudente. Les plus solides se concentrent sur le renforcement de leurs fondamentaux et l'absorption de leurs acquisitions récentes. Les plus fragiles, comme le franco-belge Dexia, le britanniques RBS ou l'allemand Commerzbank, tentent de faire face et de prouver leur viabilité.
Plusieurs éléments de fragilité demeurent. Premièrement les créances douteuses pénalisent la qualité du bilan de ces acteurs, comme le souligne le Fonds monétaire international (FMI). Ce dernier estime que, à fin 2009, les banques n'ont comptabilisé que 40% des dépréciations. Avec une reprise qui prend du temps, de nouvelles défaillances d'entreprises pourraient alourdir le portefeuille de créances douteuses.
- La valeur dans son secteur : N