Les salariés du constructeur et équipementier automobile Heuliez, en difficulté financière et ballotté depuis des mois entre faux espoirs et promesses non tenues, espèrent qu'un nouveau repreneur va permettre de sauver l'entreprise et ses 600 salariés.
La direction qui devait déposer jeudi une demande de redressement judiciaire auprès du tribunal de commerce de Niort a renoncé à cette procédure en raison "d'éléments nouveaux", ont indiqué jeudi les syndicats.
"La direction de l'entreprise m'a prévenu qu'un investisseur pouvait intervenir dans le dossier Heuliez avec des perspectives intéressantes et renonçait à sa demande de placement en redressement judiciaire", a précisé à la presse Jacques Bouzigues, procureur de la République de Niort.
"C'est une bonne nouvelle. Mais nous restons prudents et méfiants. Nous avons connu notre lot de surprises", a rappelé à l'AFP Jean-Emmanuel Vallade, délégué syndical CFE-CGC.
"La direction nous a annoncé qu'un investisseur avait fait une avancée significative dans sa position, sans en dire davantage", a-t-il poursuivi avant d'ajouter: "cette nouvelle a fait du bien psychologiquement aux salariés de plus en plus inquiets. C'est un soulagement. Tout le monde espère que ce sera le bon cette fois".
De source proche du dossier, un des quatre investisseurs potentiels a fait une proposition financière intéressante. Il s'agirait d'un fonds d'investissement américain, présent dans une quarantaine de pays et qui avait fait la proposition la plus aboutie ces dernières semaines.
Il se trouve en concurrence avec notamment un fonds d'investissement asiatico-allemand, présent dans le secteur automobile en Asie et en Amérique Latine. L'un des deux aurait proposé mercredi 25 millions d'euros en fonds propres, et l'autre serait prêt à revoir à la hausse sa proposition.
Ces deux repreneurs potentiels ont indiqué également vouloir reprendre l'entreprise dans sa globalité, exigence formulée depuis toujours par les syndicats.
La troisième proposition émane d'une association de deux investisseurs français et allemand et la dernière de l'homme d'affaires turc Alphan Manas, qui a surenchéri sur sa première offre de fin mars. Mais elle est encore jugée insuffisante. Ces deux offres seraient favorables à un morcellement de la société.
Les discussions se poursuivent depuis mercredi soir avec les deux premiers investisseurs mais elles ne sont pas pour autant rompues avec les deux autres, toujours de source proche du dossier.
En juillet 2009, 400 personnes sur les 1.000 salariés d'Heuliez, basé à Cerizay (Deux-Sèvres), ont été licenciées à la suite d'un plan de reprise par le groupe Bernard Krief Consulting (BKC) qui n'a pas permis en définitive de sauver la société.
Le groupe BKC dirigé par Louis Petiet, toujours propriétaire d'Heuliez, s'est révélé incapable d'apporter les fonds. La société d'assurance la Macif, un temps sur les rangs, avait finalement renoncé.
"Heuliez a de quoi payer les salaires du mois d'avril et également les fournisseurs", a précisé à l'AFP Me Régis Valliot, mandataire ad hoc, qui se veut rassurant.
Il faut cependant que les négociations aboutissent rapidement avec un repreneur. Sinon le spectre du redressement judiciaire pourrait revenir rapidement. Et avec lui celui de la disparition de l'entreprise.