Les opérateurs français de transports publics Transdev et Veolia Transport ont officialisé mercredi leur union, donnant naissance à un champion mondial du transport collectif.
Ce rapprochement offre aussi l'occasion à la RATP de grossir en France et à l'étranger, puisqu'elle récupère pour 340 millions d'euros d'actifs en échange de son désengagement complet de Transdev, dont elle détenait 25,6%.
Il aura fallu plusieurs mois à la Caisse des dépôts (CDC), dont Transdev est une filiale, et Veolia Environnement, maison-mère de Veolia Transport, pour se mettre d'accord sur les détails de ce rapprochement à égalité. Les négociations exclusives avaient débuté en juillet 2009.
Avec 117.000 employés et une présence dans 28 pays, le nouvel ensemble, qui porte dans un premier temps le nom de Veolia-Transdev, pèsera 8,2 milliards d'euros de chiffre d'affaires. Il devrait augmenter de 6% par an pour atteindre 10,2 milliards en 2015.
Veolia-Transdev mise sur le fort essor prévisible du marché du transport public, représentant actuellement quelque 340 milliards d'euros dans le monde.
"Dans les trente ans à venir, trois milliards de personnes vont s'urbaniser", a anticipé Augustin de Romanet, le directeur général de la CDC.
Avec ce mouvement, vont gonfler les demandes pour des transports publics variés, la desserte de nouveaux territoires, des plages horaires plus larges et des véhicules moins polluants, parient Veolia et Transdev, qui mettent en avant leur complémentarité technique et géographique.
Cette fusion se fait à la barbe de la SNCF, dont le président Guillaume Pepy avait fait part en 2009 de l'intérêt de sa filiale Keolis pour Transdev.
La RATP, de son côté, en profite pour s'étendre en dehors de son pré carré de l'Ile-de-France, récupérant notamment l'exploitation de réseaux à Londres, Gênes, Genève et des lignes interurbaines dans trois régions françaises (Centre, Champagne-Ardenne et Haute-Savoie).
Pour être définitivement bouclée, l'union entre Veolia Transport et Transdev attend encore le feu vert des autorités de la concurrence, qui pourrait intervenir en septembre ou, si Bruxelles décide d'un examen approfondi, "fin 2010-début 2011".
Antoine Frérot, directeur général de Veolia Environnement, a estimé que "quelques cessions aux Pays-Bas" leur seront peut-être exigées pour des raisons de respect de la concurrence.
Sur le plan mondial, Veolia-Transdev gagne fortement en poids pour s'imposer face à ses concurrents: le britannique Arriva --que vient de racheter la Deutsche Bahn-- la SNCF et Keolis, le britannique privé First, MTR à Hong Kong ou le singapourien SMRT.
"Nous serons le plus international, le plus multimodal et avec un actionnariat très solide", a mis en avant Antoine Frérot qui présidera le nouvel ensemble tandis que Joël Lebreton, le patron de Transdev, prendra la direction générale.
Dans les douze mois qui suivront la clôture de la fusion, Veolia-Transdev doit s'introduire en Bourse, pour augmenter son capital.
"Il est trop tôt pour dire à quelle hauteur le capital sera ouvert", a déclaré M. Frérot, mais Veolia et la CDC veulent "rester des actionnaires majeurs".
Des synergies de 70 millions d'euros par an sont visées, grâce à des économies sur les achats, la gestion de la flotte et les coûts généraux.
Veolia et Transdev se sont engagés à ce que leur fusion n'entraîne "aucun départ contraint" d'employés.