La reprise économique des Etats-Unis s'est renforcée au premier trimestre, mais les chiffres du PIB publiés vendredi confortent le pronostic des autorités de Washington, qui continuent de miser sur une croissance molle dans les trimestres à venir.
En rythme annuel, la croissance économique du pays a atteint 3,2% par rapport au trimestre précédent, selon la première estimation du département du Commerce, légèrement inférieure à la prévision médiane des analystes (3,3%).
L'hiver a marqué ainsi le troisième trimestre consécutif de hausse de l'activité de la première économie mondiale, confirmant la poursuite de sa reprise entamée pendant l'été.
Les chiffres du PIB montrent que l'économie est "en bien meilleur état qu'il y a un an", mais le gouvernement doit encore travailler d'arrache-pied pour faire baisser le chômage, qui stagne à 9,7% depuis le début de l'année, a dit le président américain Barack Obama.
Pendant les trois mois d'automne, le PIB avait progressé de 5,6% en rythme annuel.
Si la croissance apparaît avoir ralenti au premier trimestre, la reprise s'est en fait renforcée dans la mesure ou les deux tiers de la hausse du PIB au quatrième trimestre 2009 avaient résulté d'un effet comptable provoqué par le simple ralentissement des déstockages d'entreprises.
Cette fois-ci, la consommation des ménages a retrouvé son rôle traditionnel de moteur de l'économie américaine, en progressant de 3,6%, sa plus forte hausse depuis le premier trimestre 2007, ce qui a assuré 80% de la croissance du pays.
Néanmoins, les variations de stocks des entreprises, liées cette fois-ci au remplissage de leurs magasins, ont encore assuré 50% de la croissance. Leur contribution a été contrebalancée en partie par le commerce extérieur et la dépense publique, qui ont freiné la croissance, alors que l'effet de l'investissement était quasi nul.
La progression des ventes finales, qui donne une idée du soutien réel de la demande, n'a augmenté qu'assez faiblement, à 1,6%. Elle a même ralenti par rapport au trimestre précédent.
"La récession s'éloigne dans le rétroviseur, mais notre avenir pourrait ne pas être fait de croissance forte", estime l'économiste indépendant Joel Naroff.
"Nous pourrions voir un ralentissement rapide de la croissance lorsque les stocks auront été regarnis", ajoute-t-il, prévoyant que cela se produira pendant le trimestre en cours.
Pour Dean Baker, du Centre pour la recherche économique et politique, la croissance pourrait alors ralentir "à environ 2,0%, ce qui n'est pas assez pour créer des emplois", les consommateurs n'ayant pas beaucoup de marge pour augmenter leurs dépenses.
La publication des chiffres du PIB a eu lieu deux jours après une réunion de politique monétaire de la banque centrale américaine (Fed), qui a décidé de maintenir encore aussi longtemps que nécessaire son taux quasi nul en vigueur depuis la mi-décembre 2008, afin de continuer à soutenir la croissance au maximum en abaissant le coût du crédit au minimum.
Pour la Fed, le risque de rechute de l'activité semble désormais passé, mais de fortes entraves continuent de peser sur la croissance: le niveau élevé du chômage, la progression lente des revenus, la baisse du patrimoine immobilier des ménages et la difficulté d'obtenir des crédits.
Christina Romer, conseillère de M. Obama pour les questions économiques, a indiqué que le gouvernement envisageait encore des "actions ciblées" de relance budgétaire pour aider l'économie à se relever.